Les derniers jours du monde, dernière fantaisie d'Arnaud et Jean-Marie Larrieu, met en scène la quête d'un homme pour une femme sur fond d'écroulement du monde. Terrorisme, virus, attaque nucléaire et morts soudaines sont mis au service de l'humour et de la sensualité. Entre catastrophes mondiale et intime, les Larrieu offrent un bel hybride en clôture du FNC.

Après le plus intimiste Peindre ou faire l'amour, Arnaud et Jean-Marie Larrieu se sont offerts un road-movie à grand déploiement avec Les derniers jours du monde. «On avait vraiment le désir de mettre en scène des foules, pour une histoire intime», dit Arnaud Larrieu.

Entre le Sud-Ouest français, l'Espagne (Biarritz, Pampelune et Toulouse, propulsée capitale française après que Paris soit rayée de la carte) et Taïwan, Les derniers jours du monde suit la quête d'un Robinson qui, au moment où le monde cède à la panique généralisée, recherche la femme pour laquelle il avait quitté épouse et enfant, Lae.

«C'est une créature mythique, irréelle», dit Jean-Pierre Larrieu. Femme androgyne à la sexualité affolante, capable de se promener en tenue d'Ève, en pleine possession de ses désirs, Lae bouleverse Robinson dans ses mystérieuses apparitions et disparitions, jouée par le top-modèle Omahyra Mota.

«Pour Lae, on ne voulait pas d'une petite bombe: on ne sait pas pourquoi Robinson la suit, expliquent les frères Larrieu. (Omahyra Mota) n'a pas de problèmes liés au corps et à la nudité: elle a une beauté androgyne, on était vraiment dans le documentaire avec elle alors qu'elle est un personnage presque irréel.»

Chez les frères Larrieu, le road-movie se déploie non sans sensualité - un aspect souvent absent des films «de fin du monde» hollywoodiens. On aime, on baise, on échange mais surtout, on mange et on boit bien malgré la menace. «Il y a quelque chose (qui ressemble à ce) que la peinture a fait, de mettre en rapport les vanités, la vie et la mort en présence l'un de l'autre», croit Jean-Marie Larrieu.

Dominique Noguez

Adapté de deux romans de Dominique Noguez (Les derniers jours du monde et Amour noir), le film allie aussi le drame et l'humour. Certaines choses sont à prendre au premier degré et d'autres - comme l'apparition-surprise de Sabine Azéma en noble endeuillée - prêtent franchement à rire.

«C'est comme en cuisine. Ce n'est pas le résultat d'une stratégie. C'est un état d'esprit, de raconter les histoires et de donner un sens, d'aller aussi vers le réalisme», répond Arnaud Larrieu.

«Les séquences dont on est les plus fiers sont celles où il y a quasiment du vaudeville et en même temps le drame, dit Jean-Marie Larrieu. Moi, j'aime que tout soit mélangé. Ça ressemble à la vie.»

Habitués au succès critique et public, les frères Larrieu ont, avec Les derniers jours du monde, pris le pari d'amener au public quelque chose d'hybride, d'inouï. La production du film, tourné avec pléthore de figurants et sans recours aux effets spéciaux, n'a pas été une sinécure.

«Ce qui est difficile, c'est de demander les moyens d'un film qui va raconter une histoire autrement. Il y a eu aussi beaucoup de techniciens qui sont partis, à part le chef op (Thierry Arbogast, un habitué des productions de Luc Besson) qui s'est beaucoup amusé à faire ce film-là», dit Jean-Marie Larrieu.

Les deux réalisateurs concèdent une déception quant à la performance du film sorti à l'été, dans les salles françaises. «Pour nous, c'était un film de rentrée», disent-ils. Malgré tout, Les derniers jours du monde ne sera pas sans influencer la filmographie à venir.

«Cela nous a donné confiance et cela nous a libéré sur le réalisme», disent-ils.