«Vous auriez vu les yeux de ma mère quand elle m'a raconté ça!» s'est exclamé Michael K. Williams. Et vous auriez vu les yeux de Michael K. Williams quand il a raconté «ça» aux journalistes. Ils brillaient. Ses mains se sont emballées, son sourire s'est élargi. La fierté. La belle fierté, pas celle qui se teinte d'orgueil.

Le «ça» en question fait référence à une déclaration de Barack Obama. Pendant la campagne électorale, interrogé sur ses émissions de télé préférées, le futur président des États-Unis a parlé du classique M.A.S.H. et de l'extraordinaire The Wire insistant sur la performance de Michael K. Williams qui, dans la peau d'Omar Little, est l'un des seuls personnages à avoir participé aux cinq saisons de la série.

«Les gens de HBO sont devenus fous autour de moi», raconte l'acteur qui interprète le Voleur dans The Road. Et quand Obama est passé en Pennsylvanie, ils se sont arrangés pour que les deux hommes se rencontrent. «Mais moi, je me préparais pour le film. J'avais arrêté de me raser, de me faire couper les cheveux, j'avais perdu du poids. Et tout ce que j'ai pu lui dire c'est: God bless you, God bless you, God bless you...» raconte en riant Michael K. Williams, qui a d'ailleurs par la suite fait campagne pour le sénateur démocrate.

Auparavant, il a tourné ses scènes, éprouvantes, de The Road. Éprouvantes parce que le tournage l'a empêché d'assister aux funérailles de son meilleur ami, tué d'une balle dans la tête alors qu'il rentrait chez lui, au New Jersey. «Mon absence aurait été désastreuse pour la production. Mais mon deuil m'a aidé à rendre le désespoir du Voleur.» Éprouvantes, aussi, parce que d'une intensité rare. Tout donner en quelques minutes. Et plus encore. Se mettre à nu, moralement et physiquement, devant des inconnus, puisqu'il est arrivé en cours de tournage.

«Mais dès que j'ai rencontré Viggo et Kodi, j'ai immédiatement eu l'impression de devenir une pièce dans quelque chose de beaucoup plus grand que moi», raconte le comédien qui, dès la lecture du scénario, s'est tellement attaché à l'homme et au garçon qu'il se répétait: «Il faut qu'ils y arrivent!» «Jusqu'à ce que je réalise... qu'ils arrivent à quoi, au juste? Tout est détruit!» À part le feu qui brûle en eux, dont ils sont les gardiens. Parce qu'ils sont les bons gars.