Vendredi prochain, trois jours avant le début de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques à Copenhague au Danemark, sortira sur nos écrans le documentaire de Sylvie Van Brabant, Visionnaires planétaires. Guide de survie pour une planète en péril. C'est ce qu'on peut appeler un bon timing!

Par les temps qui courent, toutefois, les documentaires sur l'environnement pleuvent, acides ou non, mais nombreux et souvent hollywoodiens. Le film de Sylvie Van Brabant est d'un tout autre ordre. Tout en soulignant la gravité de la situation, il se concentre sur des solutions pratico-pratiques qui fonctionnent déjà de par le vaste monde.

«Je voulais qu'on puisse sentir que c'était urgent et qu'il fallait passer à l'action, mais je ne voulais pas être démoralisante», souligne la réalisatrice qui célèbre 30 ans de carrière tout en ayant fêté les 25 ans de sa société de production du Rapide-Blanc.

«Le premier film environnemental que j'ai fait, c'était au début des années 90 et ça s'appelait Remous, poursuit-elle. Tchernobyl venait d'arriver. J'ai vécu cette époque déprimante. Ensuite, j'ai fait un film sur le suicide. J'ai connu le slogan no future et j'ai vu mon fils de 7 ans pleurer en voyant un film sur la mort des baleines.»

Aussi, en cours de recherche, elle a pu établir la liste de tous les problèmes environnementaux actuels, mais elle voulait éviter de le faire à l'écran. Visionnaires planétaires n'est pas un reportage télévisuel, mais un film avec une thèse, voire des thèses sur la survie de la planète.

«Quand nous faisons face à un problème, dit la cinéaste, si nous ne regardons que le mur qui se dresse devant nous, c'est certain que nous le frapperons. Il faut comprendre qu'on doit regarder ailleurs, si on veut y arriver. Tous les visionnaires de mon film sont super renseignés, mais ils ne lâchent pas. C'était important de dénoter l'inquiétude mais d'affirmer l'espoir.»

Mikael Rioux

Pour personnifier cette démarche, la cinéaste a cherché un jeune qui soit lui-même engagé dans une quête pour l'environnement. Mikael Rioux, qui s'était suspendu il y a quelques années au-dessus de la rivière Trois-Pistoles pour empêcher la construction d'une mini-centrale hydroélectrique, lui est vite apparu comme le bon messager.

«Au départ, raconte-t-elle, il était beaucoup contre la mondialisation et les "maudits capitalistes". Mais il avait aussi l'intuition d'aller ailleurs, notamment avec son festival environnemental Éco-fête. Personnellement, il était un peu déprimé face à l'avenir.»

La cinéaste s'est promenée partout avec le jeune homme et nouveau papa pour rencontrer des gens qui sont dans l'action plutôt que dans la contestation: Christian De Laet, Ashok Khosla, Karl-Henrik Robert, John Todd, Wangari Maathai, Marilyn Mehlmann et Peter Koenig.

«Mikael a dû intégrer tout ça et ce n'est qu'à la fin du film qu'il s'est rendu compte. Avant il pensait que les gens allaient se réveiller seulement quand la catastrophe serait là. Je crois qu'il ne faut pas se rendre là. J'ai fait ce film pour nous tenter de nous éviter cette souffrance.»

Heureusement, parfois, les attitudes changent vite en environnement, si on ne fait que penser à l'exemple tout bête des sacs en plastique qui disparaissent peu à peu des magasins.

«Les jeunes et leur énergie, additionnés à la sagesse des plus vieux, qui prônent cela depuis 20 ans, font que les choses peuvent changer et on le montre dans le film», croit Sylvie Van Brabant.

Des praticiens

On peut y voir l'Indien Ashok Khosla qui a mis au point des technologies durables et appropriées aux pays en voie de développement; l'Américain John Todd qui utilise le biomimétisme pour recycler les déchets et revivifier, par exemple, les eaux usées; et aussi la planteuse d'arbres kényane Wangari Maathai, lauréate du prix Nobel de la paix en 2004.

Ces visionnaires qui sont passés de la théorie à la pratique amènent Mikael Rioux à se remettre en question et à revoir certaines de ses positions de départ.

«Je fais des films de processus, note la réalisatrice, pour que le spectateur puisse dire: "Ah, moi aussi." C'est un peu comme en fiction, le film est monté comme ça. Il faut que le personnage central vive une transformation.»

Cette démarche prend du temps, une durée de tournage que seule le documentaire peut offrir. Le film dépasse alors l'écran pour s'inscrire dans le domaine social.

«C'est une plateforme. Je voulais qu'on parte un mouvement web en même temps. Ce qu'on a fait. Il faut cocréer ensemble, toute la société civile, les gouvernements, les entreprises. Tout est réfléchi lié.»

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Visionnaires planétaires prend l'affiche vendredi prochain.