Une présence assurée au Festival de Cannes, mais des dépenses plus modestes. En selle depuis seulement quelques mois, le nouveau président de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), François Macerola, veut clairement se dissocier de l'ancien régime: exit les dépenses dites «somptuaires». Chaque dollar dépensé sera justifié.

«L'approche de dépenses un peu «voluptuaires» va être mise de côté, a déclaré hier aux journalistes le nouveau patron de la SODEC, à la suite d'un discours prononcé devant quelque 300 personnes dans le cadre d'un déjeuner-causerie organisé par l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision. Pour moi, c'est clair qu'on doit être à Cannes, mais pas à n'importe quel prix. Et c'est clair qu'il ne faut pas arriver à Cannes avec une attitude de colonisés, impressionnés par la mer, les restaurants et les terrasses», affirme-t-il, ajoutant du même souffle que son équipe et lui agiront de façon «raisonnable».

À l'approche du Festival de Cannes, qui se tiendra du 12 au 23 mai prochains, François Macerola semble déterminé à se dissocier de son prédécesseur. Il y a un peu moins d'un an, l'ex-président de la SODEC, Jean-Guy Chaput, a été montré du doigt à son retour du prestigieux Festival de Cannes. Il avait séjourné là-bas dans un hôtel avec vue sur la Méditerranée au coût de 1330$ la nuitée.

Le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, avait également relevé dans son rapport des dépenses de 48 000$ en 2008, seulement pour les billets d'avion, les chambres d'hôtel et les autres frais de représentation de M. Chaput. À la suite de ces révélations, le conseil d'administration de la Société de développement avait recommandé au gouvernement Charest de congédier le dirigeant.

Ainsi, en lançant à la blague qu'il logerait dans un campeur, François Macerola a assuré, pour sa part, qu'il se rendrait à Cannes avec une équipe réduite et que la durée des séjours du personnel serait moins longue. «Ce qui se dépensait avant moi, ça ne m'intéresse pas. Ce qui va se dépenser sous moi, c'est ça qui m'intéresse», a-t-il souligné.

Interrogée au sujet des dépenses de la SODEC à l'occasion de cet événement, la ministre de la Culture Christine St-Pierre a affirmé sans détour qu'elle faisait totalement confiance au président de l'organisme. «Je n'ai aucune inquiétude. C'est un homme qui a beaucoup d'expérience. Il voit comme nous les chiffres. Il voit que tout le monde se serre la ceinture. Les barèmes quand on voyage à l'étranger sont très corrects, assure-t-elle. Il n'y a personne qui dort sur un banc de parc. Mais quand on est sur le terrain, ce ne sont pas des vacances.»

Par ailleurs, en plus d'un contrôle des dépenses de représentation de l'organisme à l'étranger, M. Macerola veut revoir et évaluer tous les coûts administratifs engendrés par la Société «avec l'objectif de les diminuer». «Réduire l'infrastructure est une priorité: il y a tellement de commissions et de comités de toutes sortes à la SODEC, qu'une chatte y perdrait ses petits», illustre-t-il.

Cinéma d'auteur

En ce qui concerne le cinéma et le financement, le président souhaite également faire des changements afin d'éviter que la SODEC ne soit perçue comme un organisme qui privilégie les films d'auteur au détriment des autres.

«Je ne vois pas pourquoi la SODEC serait moins fière d'avoir investi dans De père en flic que dans le film de Xavier Dolan», explique-t-il. Des deux principaux bailleurs de fonds, Téléfilm Canada est davantage perçu comme un organisme qui encourage des projets susceptibles d'obtenir du succès au box-office.

«Ce que je veux éviter, c'est qu'on ait une étiquette de film d'auteur, poursuit M. Macerola, et que tous les films qui peuvent être rentables soient laissés du côté de Téléfilm Canada. Mais je n'ai aucune velléité de réduire notre implication financière dans les projets de film d'auteur, au contraire», a-t-il toutefois tenu à préciser.

Toujours du côté du cinéma, le dirigeant estime que l'avenir des films québécois passe par la coproduction avec d'autres pays et par l'exportation des films d'ici à l'étranger. Il souhaite pouvoir négocier des ententes administratives avec d'autres pays, ce qui permettrait aux réalisateurs et producteurs québécois d'aller chercher des sources de financement supplémentaires.