Un nouveau personnage de Saturday Night Live tente l’expérience du grand écran. Il s’appelle MacGruber, il n’a ni mordant ni répondant, mais beaucoup de «pétaradant». Avec lui, et que ça saute!


Après le jour de la marmotte, il y aura désormais celui du céleri. En tout cas, pour Will Forte. Sa mère a décidé, un jour, d’aller visiter le plateau de tournage où travaillait son fils. «J’étais nu, ma scène impliquait aussi un céleri. Et ma mère n’était pas seule. Elle était accompagnée d’amis.

Ça ne l’a pas dérangé, mais elle ne pouvait pas le montrer devant ses amis qui, eux, étaient outrés. Elle, elle m’a déjà vu dans bien des situations compromettantes», raconte celui grâce à qui le marché du céleri risque d’entrer en crise dans les semaines à venir.


Bon, un peu de sérieux, même si rien, dans les rencontres de presse tenues à New York et le film au centre des conversations, ne se prête à cela. Mais on est fort. Alors, on plonge, et que ça saute  -ça, c’est de mise.


Le film en question, c’est MacGruber. La 13e tentative faite par les producteurs de Saturday Night Live de propulser les personnages de la populaire émission au grand écran, et la première en 10 ans. C’est dire le risque inhérent à la chose. En fait, à l’exception de The Blues Brothers et de Wayne’s World, la réception des Office Space et autre Superstar a été, au mieux, tiède.


MacGruber, donc. Incarné par Will Forte et créé par lui et deux copains, les scénaristes John Solomon et Jorma Taccone (qui réalise aussi les sketches à SLN et a pris la barre du long métrage). À l’origine du personnage: une passion partagée pour les films d’action des années 80. «Nous étions des fans finis de la série MacGyver – personnage qui est évidemment à l’origine de MacGruber - mais aussi de films comme Lethal Weapon, Rambo et Die Hard», raconte Jorma Taccone.


Ces années 80, MacGruber les aime tellement qu’il ne les a jamais quittées  - sa coiffure, sa bagnole et la musique qu’il écoute en sont la preuve moult fois renouvelée. L’homme en question est un vrai (!) héros américain. Un militaire spécialisé (!!) en désamorçage de bombes. Comme le constatent (!!!) semaine après semaine ceux qui suivent SNL.


Dans MacGruber, il a pris sa retraite il y a 10 ans, après le meurtre de sa bien-aimée. Mais il va reprendre le collier à la demande de son ancien supérieur (Powers Boothe) qui, accompagné d’un jeune soldat (Ryan Phillippe) béat d’admiration devant son aîné, va lui apprendre l’insoutenable: le méchant trafiquant d’armes (Val Kilmer) qui a tué sa bien-aimée vient de mettre ses sales pattes sur une bombe nucléaire qu’il dirige vers le centre du monde, comprendre Washington D.C. Et MacGruber de retourner au front.


«L’idée première a été de nous convaincre nous-mêmes que c’était une bonne idée de passer de sketches de 90 secondes dans lequel un type se fait sauter à répétition, à un film de 90 minutes! rigole Will Forte. Mais nous nous sommes aussi dit qu’il serait stupide de ne pas essayer. Nous nous sommes donc assis et avons lancé des idées. Bien vite, nous sommes arrivés avec ces pistes parfois bizarres, parfois dégueulasses. Nous nous demandions si nous pouvions vraiment faire ça.»


28 jours de tournage
Bien sûr, ils l’ont fait. Et n’en reviennent toujours pas de la liberté qu’ils ont eue, autant dans l’écriture du scénario que durant le tournage - 28 jours bien serrés au Nouveau-Mexique.


«Nous avons essayé de ne pas aller dans la stupidité manière Naked Gun... même si nous aimons Naked Gun! indique le réalisateur. Nous voulions plutôt faire une ode aux films d’action réalisés à la fin des années 80 et au début des années 90.» Ainsi, quand Powers Boothe leur a demandé si son personnage ressemblait à celui de Leslie Nielson dans les comédies de David Zucker, Jorma Taccone l’a immédiatement corrigé: «Non, tu dois prétendre être dans un vrai film d’action. Et quand MacGruber propose de te faire une fellation, tu as vraiment le cœur brisé. Après tout, il est ton protégé.»


Oui, on descend aussi bas. Et c’est le contraste entre le «trop» de Will Forte et le sérieux de ses vis-à-vis qui fait l’originalité du résultat. «Pour moi, le grand défi était de ne pas m’esclaffer au milieu d’une scène, indique Ryan Phillippe. Mon truc: m’enfoncer les ongles dans la paume des mains.» Kristen Wiig, qui incarne Vicki, l’une des membres de l’équipe de choc (comme dans «Boum!») mise sur pied par MacGruber, elle, se mordait l’intérieur de la joue. «Ou je tournais la tête, fait la comédienne. Remarquez, dans la scène d’amour, je me détourne de la caméra parce que je suis en train de mourir.» De rire, pas de plaisir, on l’aura compris.


Et, non, aucun céleri n’a été engagé pour cette scène. Aucun céleri n’a non plus été maltraité pendant le tournage. En tout cas, aucun ne s’est plaint.


MacGruber prend a pris l’affiche hier, en anglais seulement.


Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm (Universal).