Little John et Allan A'Dayle, deux des joyeux compagnons de Robin des bois, sont, dans le film de Ridley Scott, interprétés par des Canadiens, le Terre-Neuvien Alan Doyle et l'Ontarien Kevin Durand - qui, dans la vraie vie, sont des copains de Russell Crowe, tête d'affiche de Robin Hood. Il y a pire comme «liens»...

«La deuxième fois que j'ai tourné avec Russell Crowe, il m'a tué avec une fourchette. La première, on avait joué au hockey ensemble. Ça donne une bonne base à une amitié», rigole Kevin Durand, joint au téléphone à Toronto. C'était dans 3:10 to Yuma et, auparavant, dans Mystery, Alaska.

Les deux hommes sont restés en contact. De loin en loin. Mais assez pour que la vedette de Gladiator pense à son copain ontarien quand est venu le temps de trouver les joyeux compagnons qui l'entoureraient dans Robin Hood de Ridley Scott, dont le DVD sort aujourd'hui. Qui d'autre que ce géant de près de deux mètres pouvait mieux incarner le légendaire Little John?

Bref, «après le coup de la fourchette, se battre à coups de poing avec Russell» - puisque c'est ainsi que se fait leur rencontre dans le film -, «ce n'était pas grand-chose», ajoute le comédien que l'on a entre autres aussi pu voir dans Lost (il y a incarné Martin Keamy, homme de main du père de Sun), dans X-Men Origins: Wolverine (Blob), dans Legion (l'archange Gabriel), dans la série Dark Angel (Joshua) et il a même fait une apparition, en tant que tueur, dans Austin Powers 2.

Pas mal pour un gars qui avait bien d'autres projets en tête. Comme «jouer pour le Canadien». Une passion qu'il partage avec son vieil ami Alan Doyle, chanteur du groupe terre-neuvien Great Big Sea. Qui a, lui aussi, longtemps rêvé de gagner sa vie en chaussant les patins. «Sur le plateau de Mystery, Alaska, raconte Kevin Durand dans un excellent français, j'ai fait écouter un disque de Great Big Sea à Russell.» Qui a aimé. D'autres liens ont ainsi été tissés.

C'est ainsi que le natif de Petty Harbour, petit village de pêcheurs de Terre-Neuve, a produit et coécrit plusieurs chansons du dernier album de l'acteur d'origine australienne, My Hand, My Heart, et a même participé à des spectacles du nouveau groupe de Russell Crowe, The Ordinary Fear of God.

La suite des choses l'a quand même pris par surprise: «J'ai reçu un coup de fil de Russell. Il m'a demandé si je savais jouer de la mandoline.» Il savait. Il sait toujours. Et c'est ainsi qu'il s'est retrouvé à incarner le troubadour et archer Allan A'Dayle, aux côtés de ses deux amis. Le musicien rit encore à ce souvenir. De même qu'à la ressemblance entre le nom de son personnage et le sien. Alan Doyle incarnant Allan A'Dayle: ça semble trop beau pour ne pas avoir été arrangé avec le gars des vues. A-t-on inventé le personnage pour qu'il puisse se glisser... non pas dans ses collants, puisque ces joyeux compagnons-là donnent plus dans le cuir et la peau de bête? «Pas du tout, assure le musicien. Il est apparu au XVIIe siècle, dans une ballade intitulée Robin Hood and Allan A'Dayle

C'est ainsi que le trio, l'Australien et les deux Canadiens, s'est retrouvé devant la caméra de Ridley Scott. Les deux derniers, impressionnés. Mais, aussi, totalement ravis de donner la réplique à leur ami et de lever le voile, d'une certaine manière, sur ce qui a précédé la légende. Puisque Robin Hood, qui met aussi en vedette Cate Blanchett dans le rôle de Marion Loxley, raconte Robin Longstride avant qu'il ne devienne celui qui volait aux riches pour donner aux pauvres.

Le tournage, qui fait l'objet d'un documentaire faisant partie des suppléments du DVD, s'est déroulé en Grande-Bretagne. Un village de Nottingham a été construit et tous les extérieurs ont été tournés... en extérieur. «C'est ce qui donne l'impression de réalisme qu'il y a dans le film. On n'obtient jamais cette vérité avec les écrans verts», assure Kevin Durand qui, en compagnie d'Alan Doyle, a cru rêver pendant cette aventure... mais les deux pieds sur la vraie terre.