Le comédien belge Olivier Gourmet, qu’on a connu au Québec pour son rôle dans Congorama de Philippe Falardeau, amorcera le 8 novembre le tournage du film L’exercice de l’État de Pierre Schoeller.

L’histoire raconte la vie et surtout la fonction d’un ministre français (Gourmet) sur un certain laps de temps. «C’est vraiment la vie politique au quotidien, que ce soit dans la représentation politique en public et surtout à l’intérieur des arcanes du parti, au bureau, dans les réunions.», dit le comédien rencontré au Festival international du film francophone (FIFF) de Namur dont il est le président d’honneur depuis trois ans.

Il poursuit: «C’est en même temps un vrai suspense. Le film est didactique parce que très réaliste dans les rapports entre les personnes, mais il ne s’égare pas dans le genre. Ce côté didactique pourrait être pesant et lourd mais il y a je pense, un rythme, une fluidité.»

Michel Blanc ainsi que Zabou Breitman seront de la distribution. Blanc jouera le proche conseiller du ministre. Le réalisateur Pierre Schoeller en sera à son deuxième long métrage après Versailles présenté dans la section Un second regard à Cannes en 2008.

Cela dit, Olivier Gourmet est choqué par un nombre grandissant de films sans âme tournés en Europe, particulièrement en France. «Le cinéma était un art. Aujourd’hui, c’est devenu un produit commercial», laisse-t-il tomber.

On suggère de plus en plus un cinéma formaté destiné à plaire aux masses, estime-t-il. «Je suis favorable à plaire au plus grand nombre par l’intermédiaire d’un cinéma qui sert à transmettre quelque chose, à raconter des histoires. Encore faut-il qu’il y ait un fond. Aujourd’hui, on en fait fi et on transmet n’importe quoi.»

La demande pour ce type de cinéma existe, ce qui l’attriste. Pour renverser la vapeur, pour aider à l’ouverture des esprits, à forger son sens critique, Gourmet croit à une intervention en bas âge. «Il faudrait revoir tout notre enseignement culturel, plaide-t-il. Il faut absolument rééduquer culturellement nos enfants à aimer la différence, la singularité et l’âme.»

Et pourtant, il vit!

Lorsqu’on lui demande dans quel état se trouve le cinéma francophone, Gourmet commence pour en énumérer les qualités. «Le cinéma francophone est très riche, dit-il. Il cultive ses singularités issues de pays différents, de cultures différentes. Ça va de l’Afrique, à la Suisse, la Roumanie, le Québec et bien d’autres États.»

Mais ce même cinéma souffre aussi de plusieurs maux. Le comédien prend pour exemple la distribution, qui, à ses yeux, stagne. «Cela fait déjà des années que l’on dit combien les films québécois ont de la difficulté à être distribués en Europe. J’ai l’impression que ça n’évolue pas beaucoup», lance-t-il.

Quant à la production, elle est à la merci des chaînes télévisées qui sont à la fois coproducteurs et parti prenantes et sans qui il est très difficile de faire des films. «Et ces chaînes télé, hélas, vulgarisent totalement l’art, au point de faire disparaître toute notion artistique au profit de l’entreprise», expose le comédien.

Que pense-t-il du cinéma québécois? «Ce qui en fait la force et la richesse, un peu comme on le voit ici en Belgique, est qu’il y a cette volonté d’ouverture à la singularité, à l’originalité, à la différence, avec des projets ayant une vraie forme artistique, un vrai regard sur le monde, sur la société. Ce qui est une grande richesse.»

À son avis, le cinéma québécois est très jeune, ce qui lui permet de cultiver de belles qualités. «On sent qu’il y a une vraie énergie, une vraie folie, une prise de conscience et beaucoup de plaisir. Quel que soit la noirceur ou non d’un film, on sent quelque chose de ludique dans le cinéma québécois et dans l’univers des réalisateurs. On sent le plaisir de créer des films. Ce qui se sent d’ailleurs chez l’ensemble des Québécois.»

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Les coûts de ce reportage sont défrayés par le FIFF