Bruce Willis: Frank Moses

«Ce mélange de romance, d’action et de comédie, ça m’a intrigué. Chacun de ces genres pourrait donner lieu à un film au complet. Les trois, ensemble, c’est très ambitieux», souligne Bruce Willis à propos de R.E.D., un projet qui l’a aussi intéressé parce qu’il aborde «cette notion de solitude, ce sentiment d’être laissé derrière, expulsé de l’équipe parce que vous êtes trop vieux». Matière à réflexion? Oh oui! «Vieillir, c’est ce que nous faisons tous, en ce moment même. Et il n’y a qu’une chose à faire dans les circonstances: vivre et avoir du plaisir.» D’accord, l’acteur l’avait admis plus tôt: il traversait une interminable journée d’entrevues et était en décalage horaire. Ceci expliquant cela... et la suite: «Comment je choisis mes rôles? Je pends une citrouille, j’éteins toutes les lumières et j’essaie de la frapper avec un bâton de baseball. Si j’y arrive, j’accepte le rôle.»

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Helen Mirren: Victoria

La chevelure d’or pâle et d’argent, le sourire amusé, l’humour toujours prêt à mordre, Helen Mirren a une allure qui lui sied à merveille dans R.E.D., où elle incarne une ancienne espionne qui tient maintenant un bed and breakfast de grand luxe. Elle manie aussi bien le sécateur pour couper les fleurs que les armes les plus lourdes. «Je prends tous mes rôles au sérieux et je trouve toujours quelqu’un pour m’aider à fixer le personnage. Pour The Queen, c’était facile. Pour Victoria, je me suis servie de Martha Stewart.» Pardon? Elle répète: Martha Stewart. «Elle possède cette gentillesse incroyable mais aussi cette efficacité qui donne l’impression qu’on peut s’attendre à tout de sa part», pouffe l’actrice qui a entre autres accepté le rôle parce qu’elle a un faible pour Bruce Willis. «Mais ne le répétez pas, surtout pas à mon mari. Ah, non... mon mari, ce n’est pas un problème, il est au courant.»

Morgan Freeman: Joe

«J’aime Bruce, Mary-Louise, John. Je ne pouvais pas laisser passer l’occasion de travailler avec eux!» fait Morgan Freeman qui incarne ici un espion à la retraite, octogénaire encore très vert - mais qui, par contre, n’est pas celui de la bande ayant le plus de scènes d’action. «J’ai 73 ans, mon rôle est plus... cérébral», s’amuse celui qui a campé son rôle le plus physique dans Robin Hood: Prince of Thieves. «J’avais 54 ans et ça m’a presque tué. Donc, j’étais très satisfait avec ce que Joe a à faire dans R.E.D.» Ce qui ne signifie pas qu’il lorgne vers la retraite. «La retraite? Vous me demandez ce que je vais faire si je vis jusqu’à 90 ans et que je n’ai plus de travail, c’est ça?» fait-il, pince-sans-rire. «Je n’ai jamais pensé à ça. Au pire, si je ne suis plus capable de faire autre chose, qu’on m’utilise pour un rôle de cadavre.»

John Malkovich: Marvin

«J’ai tendance à avoir une bonne relation avec les designers de costumes.» Que ces mots tombent de la bouche de John Malkovich n’étonne pas. On sait que sa passion pour les vêtements l’a poussé à créer sa ligne de prêt-à-porter pour hommes; et que de cette «bonne relation», naissent les personnages qu’il incarne. Celui de Marvin ne fait pas exception, assure, de cette voix traînante qui le caractérise, celui qui ne croit pas que les acteurs aient un énorme pouvoir quand ils arrivent sur le plateau: «Je me prépare en lisant tout le scénario, afin de savoir si je suis un point ou un contrepoint dans chaque scène, mais je ne peux faire plus. Les gens surestiment l’apport du comédien.» Même d’un grand acteur comme lui? L’affirmation l’amuse: «J’ai eu des rôles formidables dans des films qui n’ont pas eu de succès. Ça, c’est de la perte de temps et d’argent.»

Mary-Louise Parker: Sarah

«C’est une fille qui rêve en lisant des romans d’aventures... et qui se retrouve dans un de ces romans»: ainsi Mary-Louise Parker résume-t-elle cette Sarah mêlée à une chasse à l’homme où ça tire de partout. Tous tirent, sauf elle. D’où sa surprise quand elle a découvert l’affiche du film où elle y tient un revolver. Explication du producteur: elle a l’air cool ainsi. Mais cool, l’interprète de Nancy Botwin dans Weeds l’est, point. Ses manières, son discours. Ainsi, dans un monde où toutes les actrices veulent faire leurs cascades, elle assure: «J’aime mieux mémoriser un monologue de neuf pages que jouer une scène d’action.» Comme quand elle a eu à courir avec Helen Mirren - ce qui n’a pas gâché son plaisir de jouer avec cette dernière: «Dès qu’on la rencontre, l’icône se déconstruit. Il y a quelque chose de sombre et de sexy en elle.» Pas pour rien si elles s’entendent aussi bien.

Karl Urban: William Cooper

«Étant le plus jeune membre de la distribution, je ne comprends rien à ce qu’il raconte», pouffe Karl Urban, assis près de Bruce Willis finissant d’élaborer sur l’art (!) de vieillir. Le comédien a toutefois été fasciné par l’un des aspects «ligne du temps» du scénario: «Cooper représente la CIA d’aujourd’hui et Moses, celle d’hier. Il est intéressant de voir combien Moses utilise son intelligence pour arriver à ses fins; alors que Cooper n’est attaché qu’à la technologie.» Et de s’amuser au souvenir de Cooper partant avec assurance sur les traces du «vieux» ... et se retrouvant face à un type qui a passé 30 ans sur le terrain. Impressionné, le personnage. Impressionné, le comédien aussi. «J’étais intimidé de me retrouver en présence de ces acteurs que j’admire depuis longtemps: et s’ils n’étaient pas à la hauteur de mes attentes? En fait, ils ont dépassé ces attentes.»