Il a commencé l’année en force avec Les 7 jours du talion. Quatre films plus tard, Claude Legault offre une autre solide composition dans 10 1/2, sous l’égide du même réalisateur, Daniel Grou, alias Podz. Rencontre avec un acteur qui compte désormais être sélectif.

On dit souvent de Claude Legault qu’il est omniprésent au cinéma. L’acteur le sait mieux que quiconque. 10 1/2 est le cinquième long métrage dont il est l’une des vedettes à prendre l’affiche cette année. Il ne se réjouit pas de ce concours de circonstances, au contraire. «Il y a des choses là-dedans que j’ai tournées il y a longtemps, mais ils ont tout "crissé" ça dans le même paquet! s’exclame-t-il. Et puis, je me suis rendu compte qu’au cours des dernières années, la promotion était beaucoup axée sur moi, même pour des films où je ne tenais que de petits rôles. Je vais désormais faire très attention à cela et n’accepter que des projets qui m’intéressent, dans lesquels le rôle est important.»

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Craignant les méfaits de la surexposition, Legault compte maintenant «lever le pied» un peu. Il suivra notamment des cours d’anglais, histoire de perfectionner une langue qui lui permettrait d’élargir son champ d’action. Il s’attelle aussi à l’écriture d’un spectacle solo dans lequel seront intégrés plusieurs segments filmés.

«Au Québec, les acteurs ne peuvent pas s’offrir le luxe de rester inactifs entre chaque tournage, fait-il remarquer. Il faut gagner sa vie. Je fais quand même partie de ces privilégiés qui peuvent faire des choix. Des fois, je me trompe; d’autres fois pas. Mais quand on m’offre quelque chose, je commence habituellement par dire non. C’est comme un vieux réflexe de manque de confiance qui me pousse à dire que le personnage n’est pas pour moi.»

Ce n’est d’ailleurs qu’à la deuxième lecture du scénario de 10 1/2, écrit par Claude Lalonde, que Claude Legault a accepté de s’investir dans le projet. D’autant plus que Podz, avec qui il a notamment tourné la série Minuit le soir, était aux commandes.

«Je n’aurais pas fait ce film-là avec n’importe qui, souligne l’acteur. Le sujet est dur, profond, et il y a là-dedans des thématiques qui sont rarement abordées. De mon côté, je devais camper un personnage tout en retenue, qui doit contenir son agressivité. C’était la première fois qu’on me demandait de jouer ça.»

Trouver la vocation

Dans 10 1/2, l’acteur se glisse dans la peau d’un éducateur de centre jeunesse qui doit s’occuper d’un garçon incontrôlable, jugé irrécupérable par le système.

«J’ai beaucoup discuté avec le scénariste Claude Lalonde, qui a lui-même été éducateur pendant plusieurs années, explique-t-il. Je voulais surtout comprendre pourquoi un individu choisit d’exercer ce métier-là. C’est une vocation. Ces gens sont sensibles au sort des jeunes, mais aussi à celui de leurs familles. Ils sont constamment confrontés à l’échec. Je me suis aussi familiarisé avec eux en allant les rencontrer dans un centre. Je les ai observés. J’ai aussi participé aux activités. Le moment névralgique de la journée, c’est quand on prépare les jeunes à aller dormir. C’est là que toutes les angoisses sortent.»

Legault fait partie de ces comédiens qui aiment poser beaucoup de questions en vue de préparer un rôle. Sa complicité avec le réalisateur Daniel Grou–Podz (Minuit le soir, Les 7 jours du talion) s’étant créée au fil des ans, l’acteur était déjà en confiance.

«Je savais qu’avec Podz, le film ne tomberait jamais dans le pathos, explique l’acteur. Il déteste ça. Il préfère aussi les questions aux réponses. D’ailleurs, il était incapable de répondre à la moitié des questions que je lui posais. Et quand il ne sait pas, il le dit. J’adore ça!»

Un bon partenaire


Claude Legault s’est aussi retrouvé à devoir donner la réplique à un jeune acteur d’à peine 12 ans au moment du tournage. Qui, de surcroît, porte sur ses épaules toute la charge dramatique du récit.

«C’est très simple: si le "kid" n’est pas bon, il n’y a pas de film! fait-il remarquer. On a fait des essais avec Robert Naylor, j’ai improvisé des choses avec lui. J’ai tout de suite senti dans le regard de Podz qu’il sentait qu’on tenait quelque chose. J’ai continué. Robert n’a jamais décroché. On a su à ce moment que nous étions "en business". La mère de Robert a été présente à toutes les étapes et son apport a été formidable. Entre les prises, on s’est beaucoup amusés!»

Claude Legault a récemment tourné Frenck Kiss, comédie romantique réalisée par Sylvain Archambault (Piché: entre ciel et terre), et joue de nouveau sous la direction de Podz dans la série Police, actuellement en tournage.

10 1/2 prend l’affiche le 29 octobre.