Vedette de Copacabana, comédie dramatique de Marc Fitoussi, Isabelle Huppert sera présente ce soir pour lancer avec éclat le 16e Festival de films francophones Cinémania.

Quand on la découvre dans Copacabana, son image surprend un peu. À mille lieues des rôles sombres et très cérébraux qu'elle a défendus au fil des ans, Isabelle Huppert se glisse cette fois dans la peau d'un personnage beaucoup plus excentrique. Et lumineux.

«En fait, je dirais que contrairement au type de personnage que j'incarne habituellement, celui-ci ne repose sur aucun calcul, aucune stratégie», confie l'actrice au cours d'un entretien téléphonique accordé à La Presse. «Babou est toujours dans l'impulsion. Il s'agit d'un vrai personnage de comédie sur lequel pèse tout de même une certaine mélancolie.»

Babou, c'est le surnom qu'a choisi cette femme rebelle à toute forme d'autorité. Flamboyante et irresponsable, elle voit sa vie basculer le jour où sa propre fille vient lui annoncer avoir trop honte d'elle pour l'inviter à son mariage. C'est alors que cette mère-enfant, obsédée de culture brésilienne, se mettra en tête de mettre de l'ordre dans sa vie en s'exilant à Ostende. Au beau milieu de la saison creuse et grise, Babou se retrouve à devoir vendre des appartements en multipropriété, histoire de tenir un emploi et de regagner l'estime de sa fille.

«Même si elle peut être très énervante, Babou reste un personnage sympathique, fait remarquer Isabelle Huppert. J'aimais ce parti pris - très assumé par Marc Fitoussi - de tout faire basculer du beau côté du monde. Marc possède un vrai point de vue éthique sur son histoire. Son regard est très humain, sans sombrer dans la mièvrerie. Cela me plaît beaucoup. Il y a aussi de vrais éléments de critique sociale dans ce film, à travers le parcours de gens faisant partie d'une frange moins favorisée de la population.»

Mère et fille

Copacabana marque aussi la première «vraie» rencontre cinématographique entre Isabelle Huppert et Lolita Chammah, sa fille, aussi comédienne. Cette dernière avait déjà, à l'enfance et à l'adolescence, campé de petits rôles dans des films où sa mère tenait la vedette, mais sans plus. Révélée grâce à La vie moderne (Laurence Ferreira-Barbosa) il y a une dizaine d'années, où les deux actrices ne faisaient que se croiser, Lolita Chammah était déjà de la distribution de La vie d'artiste, premier long métrage de Fitoussi. L'actrice est aussi l'une des têtes d'affiche de Petit tailleur, un moyen métrage réalisé par Louis Garrel présenté récemment au Festival du nouveau cinéma.

«Honnêtement, nous étions ravies d'avoir l'occasion de nous donner la réplique», souligne la muse de Claude Chabrol et de Benoît Jacquot. «D'ailleurs, c'est un peu à travers Lolita que ce projet m'a été soumis. Cependant, nous ne nous attendions pas à ce qu'une fois rendues sur le plateau, l'une face à l'autre, la situation nous paraisse ridicule à ce point! Le premier jour de tournage, il aura fallu nous ajuster après au moins trois heures d'hilarité! Tout d'un coup, tout cela nous semblait légèrement irréel, improbable et incongru.

«Mais comme nous sommes toutes les deux des personnes très sérieuses, nous avons évidemment fait notre travail sérieusement», ajoute-t-elle avec un sourire dans la voix.

Nouvelle visite à Montréal

Cinq ans après avoir joué 4.48 Psychose (Sarah Kane) sur la scène de l'Usine C («un très bon souvenir», dit-elle); deux ans après avoir obtenu un Grand Prix spécial des Amériques pour l'ensemble de sa carrière au FFM; Isabelle Huppert est de retour dans la métropole québécoise après une année passablement chargée. Outre Copacabana, l'actrice a tourné Sans queue ni tête sous la direction de Jeanne Labrune (à l'affiche au Québec en février); Je ne suis pas une princesse, premier long d'Eva Ionesco; de même que Mon pire cauchemar, le nouveau film d'Anne Fontaine dans lequel elle joue en compagnie de Benoît Poelvoorde et André Dussollier.

Isabelle Huppert est aussi montée sur les planches cette année, au Théâtre de l'Odéon à Paris, et en tournée. L'actrice s'est glissée dans la peau de Blanche Dubois, l'héroïne tragique d'Un tramway nommé désir. La traduction de cette pièce mythique de Tennessee Williams, dont la mise en scène est signée Krzysztof Warlikowski, fut d'ailleurs confiée au dramaturge québécois Wajdi Mouawad.

«J'ai entendu parler du Festival Cinémania grâce à des acteurs et des cinéastes qui l'ont déjà fréquenté, précise la comédienne. Ce sera pour moi une première à l'occasion de cette soirée de première!»

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Copacabana ouvre ce soir à 19 h 30 le 16e Festival de films francophones Cinémania au Cinéma Impérial. Une deuxième projection a lieu demain à 16 h 30.