Remarquée récemment dans L'autre Dumas et Le dernier pour la route, Mélanie Thierry, enfin débarrassée de son image de lolita, est aujourd'hui la vedette de La princesse de Montpensier, drame historique réalisé par le vétéran Bertrand Tavernier.

Mélanie Thierry a décroché le rôle-titre du nouveau film de Bertrand Tavernier en franchissant les étapes habituelles du processus d'audition. Pour une actrice, l'idée de travailler sous la direction d'un cinéaste de cette qualité est évidemment stimulante.

«Quand vous avez la chance de tourner dans un film pareil, c'est très enrichissant, explique Mélanie Thierry lors d'un entretien téléphonique. J'ai senti que Bertrand m'aimait bien quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois dans un café. Il m'a fait remarquer à quel point je portais de jolis souliers! Je me suis dit que c'était déjà bien...»

Révélée au cinéma il y a une douzaine d'années grâce à la comédie Quasimodo d'el Paris, de Patrick Timsit, l'actrice ne cache pas avoir eu du mal à se défaire de l'image de lolita qui lui collait à la peau.

«J'ai commencé très jeune, raconte-t-elle. À 12 ou 13 ans, je jouais déjà dans des téléfilms et on m'embauchait aussi pour des pubs. Il ne s'agissait pour moi que d'un passe-temps amusant, mais, à force d'entrer dans le jeu, j'y ai pris goût. J'ai eu envie d'aller plus loin. Or, je crois qu'il est probablement plus difficile pour une gamine qui a commencé très tôt d'acquérir une forme de légitimité aux yeux des gens du milieu. C'est un peu comme s'ils ne voulaient pas voir grandir la petite fille qu'ils ont connue. Quand j'ai eu 20 ans, plus personne n'avait envie de me voir en tant que comédienne!»

Une rencontre avec un monstre sacré du théâtre se révélera déterminante. Jacques Weber a en effet mis en scène une pièce d'Amanda Sthers que Mélanie Thierry a défendue seule sur scène. Dans ce long monologue qu'est Le vieux juif blond, un vieil homme juif se retrouve prisonnier du corps d'une jeune femme de 20 ans.

«J'ai alors senti que je me jetais vraiment à l'eau, dit-elle. Je crois que le regard des autres sur moi a changé à ce moment-là.»

Premier grand rôle au cinéma

La maturité aidant (elle célébrera son 30e anniversaire cette année), Mélanie Thierry a fini par recevoir des propositions plus intéressantes. Dans La princesse de Montpensier, elle tient enfin son premier grand rôle au cinéma. L'actrice prête ses traits à une héroïne tragique, déchirée entre l'amour et les conventions, alors que, dans la France de Charles IX, au XVIe siècle, les guerres de religion font rage. Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet et Gaspard Ulliel lui donnent la réplique.

«Ce fut magique, dit-elle. Vraiment, je ne pouvais mieux tomber. Quand vous tournez sous la direction d'un cinéaste comme Bertrand Tavernier, les choses se font beaucoup plus facilement. N'ayant plus rien à prouver, il installe un climat très confortable sur son plateau. C'est douillet, c'est joyeux. Il connaît intimement toute son équipe et il n'a pas peur des acteurs. On se sent tout de suite en confiance. Il n'y a aucune pression. Un réalisateur pas encore «installé» est forcément plus fragile. Il aura parfois tendance à te communiquer son angoisse.»

Le film ayant été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes l'an dernier, Mélanie Thierry a eu l'occasion de vivre un lancement comme elle n'en avait pas connu jusque-là.

«En fait, ce film m'a permis de vivre plusieurs choses qui m'étaient inédites, précise-t-elle. Un drame en costumes d'abord. Ensuite, des voyages partout dans le monde pour accompagner la présentation du film. Et, surtout, cette montée des marches à Cannes. Voilà un moment que je n'oublierai pas de sitôt. Et que je n'aurais jamais imaginé vivre un jour.»

Rien de gagné

Même si elle estime être aujourd'hui en meilleure position qu'il y a quelques années, l'actrice ne crie pas victoire pour autant.

«Vous savez, rien n'est jamais gagné! fait-elle remarquer. Cela dit, je rame moins, c'est vrai. Et j'ai maintenant la possibilité de faire des choix. C'est un immense privilège, je le reconnais.»

Mélanie Thierry fait en outre partie de la distribution d'Impardonnables, nouveau film d'André Téchiné. Lequel sera lancé à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes le mois prochain.

Elle est aussi la vedette du premier film de Stéphane Cazes, Le sens de nos peines, drame carcéral dans lequel elle s'est beaucoup investie.

«Pour les besoins du rôle, j'ai rencontré des filles en prison et j'ai animé des ateliers de théâtre avec elles. Ce fut une expérience très enrichissante. Et très bouleversante. J'y ai fait des rencontres marquantes, du genre de celles qui vous donnent un autre regard sur l'existence.»

La princesse de Montpensier prend l'affiche le 29 avril.