Lorsqu’il faisait partie de l’élite mondiale des coureurs de 100m, Bruny Surin était un bon vivant entre les courses, mais devenait férocement solitaire au moment de son épreuve. S’il dit vivre une situation similaire au cinéma, cela lui cause quelques petits ennuis.

«Pendant une course, c’était: "Tassez-vous, je veux gagner." Mais ensuite, gagne ou perd, je redevenais le gars qui parle à tout le monde. C’est un peu la même chose au cinéma, dit-il. Sauf que, dans le film, j’ai eu des scènes très dures à jouer. Des scènes où je devais être méchant et même crier. Or, quand tu reprends la scène plusieurs fois et que tu fraternises avec les autres entre les prises, c’est difficile de te remettre dans le même état d’esprit. À un certain moment, Marie-Ange Barbancourt a demandé aux autres de me laisser tranquille. Elle disait que je devais rester concentré sur mon personnage de Michelot Antoine.»

C’est le métier qui entre, comme le veut l’expression consacrée. Cela dit, le médaillé d’or du relais 4x100m des Jeux d’Atlanta se plaît dans ce nouveau chapitre de sa carrière. Outre quelques brèves apparitions dans Virginie, Les Boys et d’autres productions, il en est à son premier rôle substantiel dans Croix des Bouquets. «Avant le tournage, j’étais pas mal nerveux, admet-il. Mais là, je suis plongé dans le projet et bien concentré. Mis à part l’attente entre les prises, j’adore ce que je fais.»

Comme il l’avait demandé à Marie-Ange Barbancourt, il a reçu une formation de base avant le début de la production. Et c’est la réalisatrice elle-même qui lui a servi de coach.
De son personnage de Michelot Antoine, il dit qu’il est un homme cultivé et instruit qui, incapable de se trouver un job, prend une mauvaise tangente en fréquentant le personnage de Tiboule, un gradé haïtien malcommode. «Mon personnage devient parfois méchant lui aussi, mais ce n’est pas dans sa nature. Michelot se sent pris dans un étau entre ces deux côtés de sa personne.»

L’expérience de Croix des Bouquets l’incitera-t-elle à poursuivre sa carrière de comédien? «J’ai reçu une autre offre que j’ai refusée, dit M. Surin. En ce moment, je suis très pris avec la promotion de ma collection de vêtements. Mais lorsque j’aurai un peu plus de temps, oui, j’aimerais bien rejouer.»

Du 9 au 17 juillet, Surin sera président d’honneur du Challenger de tennis de Granby où sa fille tentera de se qualifier. Il doit aussi tourner une dernière scène intérieure du film dans les jours à venir. Début août, il s’envolera pour la République dominicaine où seront tournés les extérieurs de Croix des Bouquets.