Réalisateur belge, Geoffrey Enthoven est un habitué du Festival des films du monde où il a déjà présenté ses films Happy Together et Les filles. La Presse a discuté avec lui de son dernier film, Hasta la Vista, inscrit en compétition officielle.
 

Q. Qu’est-ce qui est à l’origine de votre histoire?
R. Mon producteur m’a un jour parlé d’un documentaire où trois jeunes Anglais sont partis de leur pays afin d’aller dans un bordel pour personnes handicapées en Espagne. Ils étaient même accompagnés de leurs parents! J’ai tout de suite vu des images dans mon esprit. Il y avait de la matière à faire un film très drôle. Mais il me fallait changer des choses par rapport à l’histoire originale pour en faire une fiction.
 
Q. De là l’intrigue autour de l’infirmière Claude?
R. Exactement. Comme le fait que l’histoire part de Belgique alors que dans le documentaire, elle part d’Angleterre où la prostitution est totalement illégale.
 
Q. Quel est le thème central de votre film?
R. L’amitié, sans aucun doute. Lorsque nous avons fait des séances-tests, les gens devaient répondre à un questionnaire où il y avait des mots tels amitié, handicapés, voyage, sexualité. À 95%, les gens encerclaient spontanément le mot amitié. J’étais tellement heureux de cela.
 
Q. La question des personnes handicapées est aussi importante…
R. Oui, bien sûr. Ce qu’on voit dans le film est que les personnes handicapées acceptent leurs limites et qu’elles puissent en rigoler. Ce qui est le cas avec les trois garçons le long du voyage. Au fond, dans le film, le voyage est plus important que le but.
 
Q. La direction d’acteur était-elle plus difficile?
R. Non. Les trois acteurs ne sont pas handicapés dans la vraie vie. Mais pour les besoins du film, ils ont fait leur travail de recherche et se sont placés dans cette position. Robrecht (Philip) a passé tout un mois dans un fauteuil roulant. À Gand, où nous résidons et avons tourné plusieurs scènes, il se promenait en fauteuil roulant dans les rues. Il lui est arrivé d’être incapable de monter sur un trottoir. Comme personne ne l’aidait, il se levait et poussait son fauteuil sous le regard ébahi des piétons. Quant à Tom (Jozef), il a joué en portant des lunettes si épaisses qu’il ne voyait plus rien.