Un réalisateur natif de Montréal, un jeune acteur torontois, un géant dont les racines sont à Thunder Bay: les Canadiens sont partout dans Real Steel, le nouveau film produit par Steven Spielberg. Rencontres.

«J'avais l'impression d'être en minorité sur le plateau», disait en riant Hugh Jackman lorsque La Presse l'a rencontré quelques jours avant la sortie de Real Steel (sur les écrans aujourd'hui). Sur les plateaux «américains», l'Australien est habitué à cette situation. La différence, cette fois, c'est que ses principaux «coéquipiers» étaient canadiens: Shawn Levy, de Montréal, à la réalisation; Dakota Goyo, de Toronto, dans le rôle de son fils; Kevin Durand, de Thunder Bay, dans la peau du type qui le menace; et Evangeline Lilly, de Fort Saskatchewan, campant sa partenaire en affaires.

Cette dernière était absente de la tournée de presse, tenue à Toronto, mais les autres se sont pliés au jeu des entrevues pendant deux jours. Shawn Levy (Night at the Museum) avait l'exubérance d'un gamin. Il y a de quoi. Un jour, le téléphone a sonné chez lui. Au bout du fil: Steven Spielberg, qui lui proposait de prendre la barre de Real Steel, une histoire de robots, «mais une histoire qui a du coeur, plus dans le genre de WALL-E que de Transformers», note le réalisateur qui, peu après, est allé rencontrer Spielberg à New York.

«Je suis arrivé au moins 45 minutes à l'avance, poursuit-il. J'étais très nerveux. Je faisais le tour du quadrilatère pour passer le temps. J'ai décidé d'appeler ma femme pour me calmer. C'est ma fille de 10 ans qui a répondu... et je lui ai fait part de mon «problème». Elle m'a dit: «Papa, je vais te dire ce que tu me répètes tout le temps: tu sais ce que tu as à faire, alors prends une grande respiration et fais-le.» Je me revois là, sur le trottoir, les larmes aux yeux... Et c'est ce dont je me souviens le plus de cette journée!»

Du coeur

La rencontre s'est déroulée à merveille. Parce que les deux hommes partageaient une certaine vision de ce que devait être Real Steel. «Steven est producteur délégué de Transformers et il voulait autre chose avec ce projet-là.» Du coeur. Autant chez les humains - c'est-à-dire, dans cette histoire, un père et un fils qui vont devoir s'apprivoiser - que chez les robots, qui ont une «personnalité», sont téléguidés par leur propriétaire et ne sont pas indestructibles. En fait, ils sont abîmés à la manière des boxeurs... puisque, dans le monde futuriste (à peine) où se déroule Real Steel, les Muhammad Ali ont été remplacés par des machines.

Pour «incarner» ces robots, des images de synthèse... Mais pas que ça: «Steven m'a rappelé l'époque de Jurassic Park et m'a dit que ce n'est pas parce qu'on peut tout faire avec des ordinateurs que l'on doit tout toujours faire ainsi.» Pause. Rires. «Et on a construit des robots!» pour certaines scènes plus émotives.

«J'ai dû parler à une balle de tennis, danser avec un homme sur échasses, mais, la moitié du temps, je jouais vraiment avec un robot», résume Dakota Goyo, 12 ans, que l'on a pu voir dans Thor et Resurrecting the Champ, mais qui tient ici son premier rôle d'avant-plan. Et qui a été fou d'excitation quand il a eu le rôle: «J'allais jouer avec Wolverine! Et puis, les robots! Je suis un enfant, j'aime les robots!» Bonne chose qu'il le rappelle, car il y a tellement de maturité chez ce gamin qu'on se demande qui, sur le plateau, était le plus discipliné.

Certainement pas Kevin Durand: il a beau aligner les rôles de méchants (Lost, I Am Number Four, X-Men Origins: Wolverine), il affiche une lueur taquine dans le regard. En fait, même ses personnages ont ce sourire et cette étincelle qui humanisent: «C'est parce que je leur construis toujours une histoire. Pour moi, un méchant n'est pas qu'un méchant. Il est méchant quand la caméra se pose sur lui, mais, dès qu'il retourne dans l'ombre, il a une femme, des enfants, une vie. J'ai proposé ça à Shawn, qui a aimé l'idée.»

Normal, Real Steel étant, pour le réalisateur, l'histoire de trois rédemptions: «Celle d'un homme, celle d'un enfant et celle d'un robot.» Et la porte de se fermer sur toute idée de Transformers alors que s'entrouvre celle de The Iron Giant.

Real Steel (Gants d'acier) prend l'affiche aujourd'hui.

Les frais de voyage ont été payés par Walt Disney Pictures.