Déjà célébré grâce à ses courts métrages, Guy Édoin propose Marécages, un premier long métrage déjà bien accueilli à Venise et à Toronto.

Ce fils d'agriculteurs s'était déjà fait remarquer grâce à des courts métrages présentés dans de nombreux festivals. La battue, dernier volet d'une trilogie, avait en outre obtenu le Jutra du meilleur court métrage en 2009. Guy Édoin propose aujourd'hui son premier long métrage, Marécages. Lancé à la Mostra de Venise, où le public italien lui a réservé une ovation de plusieurs minutes, le drame rural a déjà reçu un accueil critique très favorable sur le plan international.

«C'est évidemment au-delà de mes espérances, reconnaît le jeune auteur cinéaste. Je suis conscient que ce film est une «bibitte» un peu particulière. C'est un voyage, à prendre ou à laisser. Mais quand tu vois le public réagir aux moindres subtilités du film, ça te conforte dans tes choix. C'est satisfaisant de voir que la dentelle qu'on a brodée plaît aux gens.»

Les personnages du film ne font pourtant pas dans la dentelle. Occupés à maintenir à flot une ferme laitière au bord de la faillite, les protagonistes ont entre eux des rapports très âpres. Le récit s'attarde au parcours d'un adolescent (Gabriel Maillé) devenu le souffre-douleur de ses parents (Pascale Bussières et Luc Picard) depuis un drame survenu il y a quelques années.

Même s'il a tourné son film sur la ferme de ses parents, Guy Édoin assure que Marécages n'a rien d'autobiographique. «Je me suis quand même inspiré de ce que je connais pour élaborer ce film, anecdotes ou drames vécus, reconnaît-il. Robert Lepage a dit un jour qu'il fallait partir du personnel pour aller vers l'universel et ça m'est toujours resté.»

Ayant grandi dans les Cantons-de-l'Est, Guy Édoin est arrivé à Montréal à l'âge de 17 ans pour étudier en théâtre. Son parcours est un peu atypique pour les gens issus de son milieu. «Au départ, je voulais devenir acteur, explique-t-il. Mais j'ai été refusé partout. Je me suis alors inscrit au programme de scénarisation de l'UQAM et j'y ai rencontré le cinéaste Hubert-Yves Rose, père de Sébastien. Ce fut une rencontre déterminante. Hubert-Yves a aimé mon travail d'étudiant au point de me prendre sous son aile. Et il m'a poussé à travailler plus fort que les autres. C'est vraiment grâce à lui que j'ai commencé à élaborer ma trilogie de courts métrages.»

Aujourd'hui ardent cinéphile, Édoin n'en a pas moins découvert le cinéma «sur le tard», selon son dire.

«En fait, ma rencontre avec le cinéma relève du hasard. J'avais déjà atteint la vingtaine quand j'ai commencé à vraiment m'y intéresser. C'est alors devenu une passion. Et du coup, j'ai eu une centaine d'années de cinéma à rattraper!»

Marécages prend l'affiche le 14 octobre.