Après l'immense succès de son Monsieur Lazhar, Philippe Falardeau réalisera un documentaire sur les durs à cuire du hockey, basé sur un scénario du journaliste Mathias Brunet de La Presse.

Intitulé Bagarreurs inc., le film sera produit par Vincent Gourd de la boîte B-612 Communications (Paparadis, ZooVille) et distribué par Chrystal Films. Il sortira en salle avant d'être diffusé sur Canal D.

«Je voulais écrire une histoire sur l'autre versant des durs à cuire, indique Mathias Brunet. J'ai été sensibilisé à leur réalité en écrivant la biographie de Dave Morrissette. On ne s'en doute peut-être pas, mais tous les bagarreurs au hockey vivent dans la peur. Plusieurs sont incapables de dormir la veille d'un match. Quand on regarde une bagarre, on voit les coups, mais on ne les ressent pas. Les bagarreurs vivent une tout autre réalité sur la glace.»

Le film donnera la parole à d'anciens durs à cuire, mais il suivra aussi l'ascension d'un jeune bagarreur qui cogne à la porte de la Ligue nationale de hockey.

«Si j'embarque, c'est parce que j'aime le hockey. Je n'aime pas les bagarres, mais j'ai un immense respect pour les athlètes», explique Philippe Falardeau, qui a déjà réalisé et participé à quelques documentaires au début de sa carrière.

De son côté, Vincent Gourd dit avoir été frappé par une série d'articles écrits par Mathias Brunet sur le sujet, en 2010. La mort de Bob Probert, les nombreuses commotions cérébrales et le suicide d'anciens joueurs de la LNH ont fini par le convaincre que le sujet devait passer de l'écrit à l'écran.

La peur ressentie par les joueurs est autant physique que morale. «Les joueurs ont peur de se blesser, mais ils ont aussi peur de subir une correction, dit le journaliste. Ils craignent d'être humiliés devant 18 000 spectateurs, les membres de leur famille et leurs amis. Lorsqu'un joueur commet une gaffe, on va en parler un peu avant de l'oublier. Mais lorsqu'il perd une bataille, cela reste dans les mémoires. Certains joueurs en entendent parler durant des années.»

Les lecteurs de M. Brunet, grand utilisateur des médias sociaux, connaissent sa position sur les bagarres. «Nous en sommes rendus à proposer de donner des punitions de match à ceux qui se battent, avance-t-il. La mort de trois anciens durs à cuire de la LNH, cet été, devrait nous faire réfléchir. Mais mon film n'a pas pour but de prendre position. On raconte une histoire. C'est aux fans et aux spectateurs de se faire une opinion.»

Quant à Philippe Falardeau, il dit que le film n'a pas pour but de montrer des bagarres. «On sait à quoi ça ressemble. Moi, je m'intéresse à la psychologie des personnages. Que d'anciens joueurs expriment leurs émotions, je trouve ça touchant. Et que des jeunes soient prêts à utiliser leurs poings pour gravir des échelons au hockey est un phénomène intéressant.»

Journaliste à La Presse depuis près de 20 ans, Mathias Brunet a couvert le Canadien durant quelques années. Il a écrit six livres, dont une biographie de Michel Bergeron et une autre de Mario Tremblay. Il compte déjà quelques documentaires à son actif.

M. Brunet a connu Philippe Falardeau à l'émission La course autour du monde. «J'écrivais un texte sur chacun des participants. Lors de notre entrevue, on s'est tout de suite bien entendu, relate-t-il. Je me suis dit qu'un jour, j'aimerais bien travailler avec lui. Je trouve très généreux de sa part de s'embarquer dans ce projet après tout ce qu'il vient de vivre avec Monsieur Lazhar