En orbite autour de Gina Carano dans Haywire: les Ewan McGregor, Antonio Banderas, Channing Tatum, Michael Fassbender, Michael Douglas. La championne d'arts martiaux mixtes prouve ainsi, sous la houlette de Steven Soderbergh, que la belle peut être la bête et terrasser quelques stars. Rencontre musclée.

Avant de recevoir le coup de fil de son agent qui lui a appris qu'un réalisateur avait «quelque chose» à lui proposer, Gina Carano ne savait pas vraiment qui était Steven Soderbergh, n'associait pas son nom à Traffic ou à Erin Brockovich - deux de ses films préférés. Mais la championne d'arts martiaux mixtes est curieuse. Elle s'est donc présentée au rendez-vous. Affichant un oeil au beurre noir, résultat de son combat historique contre Cristiane Santos - dite Cyborg - en août 2009. Le réalisateur de Contagion et Ocean's Eleven avait vu le combat en question. Et pensait avoir trouvé là la possible star de Haywire.

«Nous avons eu un lunch de quatre heures et, à la fin, il m'a proposé le rôle. Comme ça, sans que je passe d'audition», a raconté, en conférence de presse, celle qui n'avait jusque-là brillé que sous les feux du ring. Où sa présence physique a capté l'attention de Steven Soderbergh: «Je me bats, je cours comme un homme. C'est pour ça que j'ai eu le job», assure-t-elle. Disons que cette puissance «virile» combinée à une plastique indéniablement féminine forme une combinaison aussi intrigante qu'attirante.

Bref, du sur-mesure pour donner chair et punch à l'héroïne d'un thriller d'espionnage dans lequel, comme dans le temps des anciens James Bond, ceux dont Steven Soderbergh se dit fan, l'action n'occuperait pas toute la place mais se partagerait la part du lion (ou de la lionne) avec l'intrigue portée par des personnages périphériques ayant de l'épaisseur.

Cette histoire, écrite par Lem Dobbs (The Limey, Kafka), est celle de Mallory Kane (Gina Carano), qui travaille pour une agence de sécurité au service du gouvernement américain et chargée de missions dans les coins les plus troublés de la planète. Après avoir libéré un journaliste chinois retenu en otage, Mallory se rend compte qu'il y a péril en la demeure... pour elle: l'homme qu'elle a sauvé a été tué et toutes les preuves la désignent comme coupable.

Qui l'a trahie? Pourquoi? On le découvre au fil d'une traque passant par Barcelone, Dublin, New York et les montagnes du Nouveau-Mexique où le destin de la belle bête croise celui de son nouvel équipier (Michael Fassbender), de son patron et ancien amoureux (Ewan McGregor), d'un des membres de son équipe dans la mission ratée en Catalogne (Channing Tatum), d'un homme travaillant dans l'ombre du gouvernement espagnol (Antonio Banderas) et de son vis-à-vis américain (Michael Douglas).

«Le scénario était passionnant dès la lecture, indique Ewan McGregor. Tout me plaisait: l'élément d'espionnage, les scènes de combat et le fait qu'au coeur du récit se trouve un personnage féminin aussi fort. C'est inhabituel.» D'autant plus qu'après Salt, jouée par Angelina Jolie dans le film éponyme, le personnage en question serait incarné par une véritable athlète. Le long métrage gagnant en réalisme et en violence brute - Steven Soderbergh s'était donné cette mission-là. Pas de gadgets sophistiqués ou de bagarres «gonflées» grâce à des effets spéciaux, des câbles et des harnais. Et le moins de cascadeurs possible.

Bref, ces messieurs ont dû tabasser Gina Carano. Enfin, manière de parler. Le tout a été chorégraphié par la principale concernée et le coordonnateur des cascades R.A. Rondell.

«Mais oui, au départ, il a fallu s'ajuster parce que... bon, nous vivons dans une société où on nous apprend qu'on ne bat pas une femme. Vous voyez rarement au cinéma un homme se battre contre une femme - et encore moins une femme donner une raclée à un homme», rigole Channing Tatum, grand fan d'arts martiaux mixtes et de Gina Carano... même après qu'elle se fut moquée de lui afin de l'inciter à lui donner une gifle digne de ce nom dans la scène qui les oppose. Même chose avec Ewan McGregor, qui a accidentellement cogné la dame à la tête: «Je me sentais tellement mal! Mais j'étais en train de me dire que j'avais foiré quand elle m'a demandé, inquiète: Est-ce que ça va, toi? Je n'ai pas osé avouer que ma main me faisait un mal de chien.»

Et Gina Carano de rire. Elle l'a dit, elle a eu le rôle parce qu'elle a du punch. «Je suis le fils que mon père n'a pas eu, s'amuse-t-elle. J'ai deux soeurs, très belles, très sociables. J'étais la recluse, un peu brute. Les combats de rue, je connais.» Et puis, elle a eu ce petit ami. Qui buvait. Se battait. Jusqu'à ce qu'il décide de se prendre en main et de canaliser son énergie dans les arts martiaux mixtes. «Je suis allée le voir, j'ai vu cette incroyable transformation qu'il subissait et c'est comme ça que tout a commencé pour moi aussi.»

Le début d'une carrière qui vient de prendre une direction aussi imprévue que palpitante: «Ce tournage est l'une des plus belles expériences de ma vie. Je suis allée dans des endroits où je n'avais jamais mis les pieds, entourée de ces beaux gars que je voyais à la télévision!», fait-elle avec candeur. Mais gare à qui voudrait tenter de la chasser de là: elle sait se défendre.

Haywire (Piégée) prend l'affiche le 20 janvier.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.