Un homme sur le rebord d'une fenêtre, très haut au-dessus des rues de New York. Il menace de sauter. C'est le personnage. L'acteur qui l'incarne a choisi de vivre l'expérience jusqu'au bout. Rencontre avec Sam Worthington et ses collaborateurs dans Man on a Ledge, d'Asger Leth.

«Ma première fois? Vous la voyez à l'écran», rigolait Sam Worthington lors d'une rencontre de presse tenue à Los Angeles. La vedette d'Avatar et de Clash of the Titans n'a pas le vertige. Mais il a peur du vide. «En fait, j'ai surtout peur de la chute et de l'atterrissage. Je pense que c'est une peur primaire et assez généralisée.»

C'est parce qu'il tenait à ce que les spectateurs sentent cette peur, la partagent avec lui et avec le personnage qu'il incarne dans Man on a Ledge, qu'il a accepté d'enjamber une des fenêtres de l'historique hôtel Roosevelt et de s'installer sur le rebord de 35 centimètres. Quelque 70 mètres plus bas s'étendait Madison Avenue. «En fait, le pire, ce n'était pas la hauteur, c'était les pigeons. J'étais chez eux et, avec la tête que j'ai, ils pensaient que j'étais un gros oeuf», poursuit l'acteur avec humour.

Dans ce premier long métrage de fiction réalisé par le documentariste Asger Leth (Ghosts of Cité Soleil), il interprète Nick Cassidy, ancien policier condamné à 25 ans de prison pour un crime qu'il n'a pas commis. Il s'évade. Et, quelques jours plus tard, menace de se suicider en se jetant d'un des étages les plus hauts du Roosevelt. Un négociateur du NYPD (Edward Burns) est appelé sur les lieux. Cassidy exige la présence de sa rivale (Elizabeth Banks), encore aux prises avec l'échec professionnel qu'elle vient de subir: son dernier «sauteur»... a sauté.

Pendant ce temps, dans un immeuble voisin, un drôle de couple (Jamie Bell et Genesis Rodriguez) s'adonne à une drôle d'activité - et ce n'est pas que ce que l'on pense - et un important homme d'affaires (Ed Harris) s'apprête à faire une annonce importante pour lui... et pour son portefeuille.

Voilà, les pièces sont en place sur l'échiquier.

«Le jour où Cassidy enjambe la fenêtre, je l'ai enjambée aussi pour la première fois, se souvient Sam Worthington. Asger a dit: ''On tourne... et on va voir ce qui va se passer!''» Et ce qui s'est passé, nous l'avons à l'écran. La raideur du corps, la peur dans les yeux, la crispation des mâchoires: l'acteur n'a rien eu à feindre - même s'il se trouvait au 8e étage de l'hôtel et non au 21e comme son personnage.

«J'étais simplement heureux de ne pas m'être roulé en boule pour pleurer», poursuit Sam Worthington qui admet sans honte que Man on a Ledge est un «film pop-corn», et que c'est exactement ce qu'il voulait faire, attiré par cette intrigue «au croisement de The Negotiator et de Phone Booth».

Un engagement important

Faisant partie du projet de film depuis un an et demi, l'acteur s'était entendu avec le producteur Lorenzo di Bonaventura: il tournerait le plus de scènes possible sur le véritable rebord de fenêtre. «Mais avant d'essayer, nous n'avions aucune idée de ce que je serais capable de faire là-haut. Au cas où, nous avons construit une reproduction de la corniche, en studio - que nous avons finalement peu utilisée.»

«Pour que ce film fonctionne, il fallait le rendre le plus réel possible. Être dehors avec la foule new-yorkaise cynique qui crie à Cassidy de sauter», indique Jamie Bell (The Adventures of Tintin), qui n'a pas eu à s'aventurer sur la mince corniche.

«Et au bout du compte, les véritables héros de ce tournage, ce sont les cameramen», assure Elizabeth Banks qui, elle, s'est aventurée sur le rebord - et a aimé l'expérience. «Ce rush d'adrénaline, c'était la raison pour laquelle je voulais jouer dans ce film. Et là-haut, je n'ai pas eu à prétendre que j'avais peur. Peur non pas de la hauteur ou de tomber - il y avait les harnais, les cordes -, mais peur des erreurs humaines. «

«C'est vrai que vous savez que vous êtes en sécurité, continue Edward Burns, mais, dès que vous posez un pied là-dessus, tout votre corps vous crie le contraire.»

Le jeu de la peur

Mais ils se sont tous prêtés au jeu - sauf Anthony Mackie, qui incarne l'ancien partenaire de Cassidy: «Si Spiderman peut lancer des toiles de ses poignets et si Superman peut voler, je peux m'installer à un mètre du sol et vous faire croire que je suis entre ciel et terre. Je suis un acteur», s'esclaffe-t-il.

Au moins, dès le départ, tout le monde a donné l'heure juste au réalisateur et à Lorenzo di Bonaventura. Pour le producteur, il y avait un autre incontournable, à cause du titre et de l'intrigue du film: «Sam devait sauter à un moment donné. On le voit pendant plus d'une heure sur cette corniche et il ne sauterait pas? Ça servirait à quoi?» «Les spectateurs savent exactement ce qu'ils vont voir là», conclut Sam Worthington. Comment et pourquoi on arrive à ce point? C'est ce que raconte le reste du film. Dans lequel il a sauté à pieds joints.

Man on a Ledge (Le temps d'un vol) prend l'affiche le 27 janvier. Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville et Summit Entertainment.