Sorti il y a un an et demi en France, Fatal Bazooka de Michaël Youn nous arrive aujourd'hui, directement en DVD... et en compagnie de Stéphane Rousseau qui s'est éclaté dans cette comédie située au croisement de Nice de Brice et de Zoolander. Rencontre sur fond de bling bling, entre tournée et tournages au Québec et en France.

Stéphane Rousseau l'avoue: il a été déçu quand il a appris que Fatal Bazooka, comédie de Michaël Youn «que je ne porte pas sur mes épaules mais où j'ai un rôle secondaire important», ne prendrait pas l'affiche au Québec. D'autant que le film avait été tourné à Montréal et dans les Laurentides. «J'ai trouvé ça dommage. On prend moins de risques qu'avant. Mais je sais que la carrière des films français est difficile, ici, en général. Dans ce cas-ci, ils (le distributeur, Remstar) avaient peur du décalage, du niveau d'humour assez poussé (NDLR: vers le bas, disons). Et puis, Michaël n'est pas un personnage connu au Québec.»

Or Fatal Bazooka, sorti en France en juin 2010, est conçu par lui et pour lui. Figure importante de l'humour en France, Michaël Youn a créé ce personnage de Fatal, rappeur bling bling dont les tubes ont connu un succès fulgurant et inattendu sur le Net et sur CD. Assez pour donner envie à son créateur de lui écrire une biographie filmée. Qui révèle ses origines. Et qui, surtout, le prend au sommet de la gloire pour le propulser prend en pleine chute - alors qu'une nouvelle star se lève. Son nom est Chris Prolls. C'est lui qu'incarne Stéphane Rousseau. Avec une flamboyance à la Iggy Pop mâtiné de David Bowie et de Hansel (le rival de Zoolander dans le film éponyme). Mais, aussi, avec un petit côté Stéphane Rousseau absolument irrésistible. Normal: «J'ai beaucoup improvisé», mentionne-t-il en rappelant un monologue où Chris révèle sa «nature» profonde - ses origines ethniques, sa philosophoe de vie, ses habitudes alimentaires. Une scène qui offre du Youn et du Rousseau à leur meilleur.

Bref, le succès a été instantané en France, où le long métrage est devenu culte. Effet positif collatéral? «Ça m'a ouvert des portes sur un public que je n'avais pas, indique Stéphane Rousseau. Quand je fais la tournée des Fnac, je signe maintenant des autographes à des jeunes de 17 ans qui n'étaient pas mon public en salle. Ils arrivent avec des banderolles et des t-shirts «J'aime Chris Prolls.» Ça m'a donné un second souffle de plonger dans ce truc qui n'est pas mon humour mais qui me séduit et me fait rire.»

Un humour absurde, scato, pas politiquement correct. Déjanté. Hilarant. Mais pas pour tous. En fait, ce genre d'humour qui ne traverse pas aisément la grande mare. Le DVD est l'embarcation parfaite pour ce genre de «bibitte» qu'il ne faut pas prendre au premier degré - mais qui n'est pas que bête et méchante: «Michaël tire à fond les traits des personnages et des situations mais il trace, à sa manière, un portrait assez juste du paysage musical et de la réalité de ces carrières préfabriquées qui ne tiennent pas à grand-chose et peuvent disparaître très vite», indique Stéphane Rousseau qui, lui, est là depuis longtemps et pour rester. Succès et talent obligent.

Ainsi, il travaille actuellement sur une exposition de ses peintures, qu'il voudrait voir se concrétiser cet été. «Auparavant, dans un mois, je vais lancer un site Internet, Rousseau s'expose, où les gens pourront voir mon travail.» Il poursuivra aussi sa tournée de spectacles en France et au Québec; participera cet été aux activités promotionnelles d'Omerta de Luc Dionne et se rendra dans l'Hexagone pour tourner quelques jours dans une comédie française où il a obtenu un petit rôle. Et il y a cet autre projet cinématographique, celui-là québécois, dans les airs depuis cinq ans mais qui semble vouloir se concrétiser. À suivre.