Drew Goddard et Joss Whedon se sont liés d’amitié en travaillant sur Buffy the Vampire Slayer. Ils voulaient faire de nouveau quelque chose ensemble. Ils ont ainsi «bâti» The Cabin in the Woods par amour pour les films d’horreur, assure le premier. Rencontre.

Il y a la blonde idiote (Anna Hutchison) et son copain, beau body mais tête vide (Chris Hemsworth). Il y a la fille très mûre pour son âge (Kristen Connolly) et le type brillant (Jesse Williams) qui en pince pour elle. Et il y a le clown de service (Fran Kranz). Cinq archétypes du film d’horreur. Que l’on met dans une voiture, que l’on envoie se perdre dans un endroit isolé. Et que l’on tue l’un après l’autre.

Ce pourrait être l’essentiel de The Cabin in the Woods. Ce ne l’est pas. Et le fait est clair dès ses premières images, qui mettent en scène deux types en blouse blanche, discutant dans un environnement plus scientifique qu’horrifique. Conversation hermétique pour le public qui la surprend. Mais bientôt, le voile se lève, la compréhension se fait. Le film prend alors toute sa saveur, différente et délicieuse.

« Nous voulions écrire une lettre d’amour au cinéma d’horreur, un genre que nous aimons tous les deux », résume Drew Goddard, que La Presse a rencontré à Toronto. « Nous », c’est Joss Whedon et lui. Le Joss Whedon qui a créé les séries Buffy the Vampire Slayer, Angel, Firefly, Dollhouse, réalisé Serenity et dont nous verrons prochainement The Avengers. « Il avait cette idée depuis longtemps, nous avons commencé à en parler quand nous avons bouclé Angel, parce que nous voulions retravailler ensemble. Mais nous avons été très occupés, chacun de notre côté », poursuit celui qui a ensuite intégré l’équipe de J.J. Abrams et écrit pour Alias et Lost avant de signer le scénario de Cloverfield – dont il est toujours question d’une suite, mais, actuellement, « aucun scénario n’est écrit, il n’y a pas de plan définitif », dit Drew Goddard.

Un événement à l’écran


Le temps a donc passé. Puis, l’occasion s’est présentée. La parenthèse nécessaire pour coucher un scénario sur papier. Ils l’ont écrit ensemble, Joss et lui. Et ont décidé que c’était le projet idéal pour que Drew fasse ses premiers pas derrière la caméra.

« C’est un rêve de toujours, ça m’a permis de naviguer dans des eaux que je connais bien, mais aussi, de repousser les frontières du genre et, vraiment, de m’éclater », explique celui qui a grandi au Nouveau-Mexique, dans un monde où la simple idée d’écrire des films «n’existait pas». Donc, il lisait et rêvait d’écrire des romans. Jusqu’au collège. Où, là, le déclic s’est fait. « Je suis parti pour Hollywood où je ne connaissais personne, et j’ai travaillé fort. Très fort. » Comme assistant de production, « ce qui veut dire aller chercher le café pour tout le monde », multipliant les petits boulots, faisant des contacts. C’est ainsi qu’il a pénétré dans l’univers de Joss Whedon. Le reste appartient à l’histoire.

Une histoire qui se poursuit, comme le prouve The Cabin in the Woods, où les deux complices jouent avec les clichés du film d’horreur sans toutefois, assure Drew Goddard, juger le genre tel qu’il se pratique aujourd’hui – on y rit moins et on y saigne beaucoup plus, de toutes les manières imaginables. « Il s’y fait du bon comme du moins bon, mais il en va ainsi de tous les genres cinématographiques », indique celui qui, pour sa part, aime ces films où l’on sursaute avant d’éclater de rire. « J’adore cette expérience où, tour à tour, vous criez, vous riez, vous applaudissez. Cette impression qu’une sortie au cinéma devient un genre d’événement social auquel participent tous les gens présents, on ne vit ça qu’avec les films d’horreur. »

En ce sens, The Cabin in the Woods répond à la commande. Mais la sert de surprenante façon. Retour aux deux « scientifiques » qui ouvrent le long métrage. Incarnés par Bradley Whitford, l’un des piliers de la série politique The West Wing ; et Richard Jenkins, qui a fait un détour par l’horreur le temps de Let Me In, mais est un habitué des drames réalistes (The Visitor, Six Feet Under). « Ils ne jouent pas dans ce genre de films, habituellement, et c’est sciemment que nous leur avons proposé ces rôles. Pour que le public comprenne immédiatement que ce n’est pas un film d’horreur normal, que ce n’est pas encore une fois le bon vieux même film. » L’opération est des plus réussies. Ce qui fait la difficulté d’écrire au sujet de The Cabin in the Woods : le meilleur moyen de l’apprécier est d’en savoir le moins possible sur son intrigue.

Donc, arrêtons là. Et laissons le mystère se dissiper à l’écran. Prêts ?

The Cabin in the Woods (La cabane dans les bois) prend l’affiche le 13 avril.

Les frais de voyage ont été payés par Alliance Vivafilm.