Alors que Tony Stark, alias Iron Man, cherche les f lashs et les projecteurs, Steve Rogers, alias Captain America, est un homme d'équipe et d'ombre. Il en va un peu ainsi de leurs interprètes, Robert Downey Jr. et Chris Evans. Lorsqu'ils sont en présence des médias, le premier brille et devient le centre d'attraction; donnons quelques années au second pour en faire autant.

En attendant, cela sert fort bien les personnages qu'ils campent dans les adaptations cinématographiques des comic books portant l'estampe Marvel, en particulier dans The Avengers où leurs personnalités fort différentes se heurtent bien avant de s'allier. «Captain America a été mon Ground Zero pour ce film, indique Joss Whedon. Il vient du passé, il a vécu la Seconde Guerre mondiale, il a vu des gens mourir dans des circonstances atroces. Il porte cette idée de communauté, de l'homme au service de quelque chose de plus grand. C'est un soldat avant d'être un superhéros.» Tony Stark est à l'opposé. Leurs idéologies s'affronteront avant qu'ils se comprennent et s'allient, Stark changé par Rogers.

Sauf qu'au quotidien, lors du tournage, Robert Downey Jr. n'a, de l'avis de tous, pas joué les stars parmi les étoiles. «J'étais un travailleur parmi les travailleurs, exactement comme quand j'ai commencé dans le métier et que je n'avais pas à porter tout le film sur mes épaules. C'était formidable», a-t-il assuré en conférence de presse. Chris Evans partage ce sentiment d'avoir eu moins de poids sur les épaules. «Je sens beaucoup moins de pression qu'avant la sortie de Captain America, où les attentes étaient monumentales», dit le comédien à La Presse. Pour lui, Steve Rogers est la boussole morale du groupe de superhéros. «C'est un homme bon, humble, honnête. Il est au service des autres.»

Son regret quant au personnage? «Ilne vole pas. Je suis le seul à prendre les escaliers quand tous les autres décollent! », pouffe celui qui incarnait Johnny Storm/Human Torch dans The Fantastic Four et qui, à ce titre, était le petit fendant du quatuor. Ici, il devient l'homme conventionnel du groupe. «J'aime ça, dit-il. J'aime aussi que dans ce film, Captain America soit aux prises avec des conflits dus au fait qu'il se trouve hors de son temps, mais il fait passer la mission avant ses problèmes personnels.»

Robert Downey Jr. aime que Tony Stark «n'ait jamais vraiment prévu faire quoi que ce soit de noble. Il est plus Hans Solo que Luke Skywalker». Il aime aussi le fait d'avoir pu «porter un t-shirt de Black Sabbath durant une bonne partie du tournage». Pendant que les autres se débattaient avec des masques et des costumes pas particulièrement confortables. «On souffrait parfois de claustrophobie, admet Chris Evans. Mais on pouvait aussi s'amuser avec des jouets chers et très cool.» Il n'est pas le seul membre des Avengers à à penser ainsi.

Des agents très spéciaux

Nick Fury, que l'on a rencontré dans Iron Man et Thor, est le directeur du S.H.I.E.L.D., une organisation qui se consacre à la paix mondiale. Dans The Avengers, il regroupe les superhéros afin de lutter contre la menace que constituent Loki et ses troupes. «Nick Fury estime que ces superhéros, ces individus uniques, méritent l'amour et l'admiration du monde, et ça me plaît, indique son interprète, Samuel L. Jackson. Mais j'aime aussi que ces personnages soient présentés comme des êtres faillibles. Ils ont beau avoir des pouvoirs, ils peuvent se disputer, agir stupidement, puis sauver le monde en travaillant de concert.»

Le bras droit de Nick Fury est l'agent Coulson, incarné par Clark Gregg qui, à ce titre, a travaillé avec Jon Favreau, Kenneth Branagh, Joe Johnson et tous les acteurs à présent réunis sous le S.H.I.E.L.D. «Passer de l'un à l'autre, c'était un peu comme faire du speed dating et ne pas pouvoir décider qui on préfère!», rigole celui qui, quand il a vu le projet The Avengers se concrétiser, était persuadé «que l'agent Coulson n'y aurait sa place que pour servir du super-café aux superhéros». Jusqu'à ce qu'il lise le scénario de Joss Whedon. «J'ai passé deux jours avec un sourire collé sur le visage, car je n'en revenais pas de ma chance», poursuit-il en soulignant combien il a apprécié la voie que lui a tracée le réalisateur. «Coulson a grandi dans un monde où Captain America était un héros, un vrai héros de la Seconde Guerre mondiale. Il a collectionné des figurines du personnage et là, il a l'occasion de le rencontrer en chair et en os, de travailler avec lui. C'est un rêve devenu réalité.» Pour le personnage et pour l'acteur.

Les frères ennemis

«Thor est un bloc de granit. Loki, lui, est comme le vent. Dans un combat à mains nues contre son frère, il perd, c'est garanti. Mais il ne se bat jamais à mains nues...», résume Tom Hiddleston avec un sourire volontairement sardonique. Car il adore se glisser dans la peau de ce personnage «plus dense, plus sombre, mais aussi plus amusant, de manière tordue», qu'il ne le pensait au départ. «C'est comme jouer un personnage emblématique sorti de l'oeuvre de Shakespeare. C'est un honneur.»

Un honneur que le longiligne acteur britannique assume pour la deuxième fois, puisqu'il faisait partie de la distribution de Thor de Kenneth Branagh, devant le très baraqué et très Australien Chris Hemsworth. «Loki et Thor font partie d'une famille extrêmement dysfonctionnelle», note ce dernier... qui, lui, fait partie d'une famille très normale. Heureusement, car son frère Liam avait été, à l'époque, lui aussi pressenti pour incarner le dieu du tonnerre. Il a finalement atterri dans The Hunger Games - auquel The Avengers va faire concurrence pour le film ayant obtenu le meilleur box-office en 2012. «Tu ne penses pas que tu devrais lui donner une correction pour ça?», lâche alors Robert Downey Jr. en conférence de presse. «Oh, c'est fait. Il en garde encore quelques bleus», plaisante l'acteur selon qui Thor possède «un instinct très viscéral qui lui donne une qualité un peu enfantine: s'il croit en quelque chose et veut quelque chose, il s'arrange pour le faire. Comme les enfants qui possèdent à fond leur environnement.»

Bref, avec Thor, on a l'heure juste. Pas avec Loki. On le sent fourbe. Il l'est. «Mais le costume fait beaucoup pour ça», note Tom Hiddleston qui, pour l'occasion, s'est teint les cheveux en noir, ce qui accentue le contraste avec ses yeux clairs. Tous les matins, il passait deux heures à se faire pâlir la peau et à enfiler cuir et métal. «Le danger du ridicule est extrême, dans ce genre de film. Mais Alex [la designer Alexandra Byrne] a conçu des costumes qui nous transforment en icônes.» Et dans lesquels il est possible de courir, de sauter, de se battre. Un avantage important, d'autant plus que le tournage, poursuit le comédien, «a été pensé par Joss comme une course à relais»: «Chris et moi avons tourné nos scènes pendant une dizaine de jours, puis Scarlett (Johansson) et Jeremy (Renner), puis Robert (Downey Jr.) et Chris (Evans). Ça nous a donné le temps de souffler.» Parce que même les superhéros sont parfois fatigués.

La bête humaine

Dans l'ère moderne des films de superhéros, The Hulk a été incarné par Eric Bana et Edward Norton. Avec des résultats mitigés. Pour The Avengers, Joss Whedon a pensé à Mark Ruffalo. La réussite est telle que des rumeurs de redémarrage de la franchise mettant le monstre vert en vedette courent déjà.

Pourtant, il y a eu des doutes, au départ, chez Marvel. Pas en ce qui concerne le choix de l'acteur, mais plutôt quant à la manière de présenter le personnage. «Ils n'aiment pas que The Hulk ressemble au comédien qui l'incarne, mais Joss et moi tenions à ce qu'il ait un air de parenté avec Bruce Banner», raconte Mark Ruffalo qui interprète le scientifique qui devient vert quand il voit rouge.

Le réalisateur et le comédien voulaient aussi, pour mieux servir The Hulk, avoir une véritable performance d'acteur. D'où l'utilisation de la captation de mouvements. «C'était l'occasion de jouer de nuances plutôt que d'avoir un personnage en furie du début à la fin», dit Mark Ruffalo qui s'est inspiré d'une remarque de son fils de 10 ans pour bâtir «son» Hulk. «Nous avons regardé ensemble la vieille série télévisée. Après le troisième épisode, il m'a dit: Papa, il est tellement incompris! J'ai su à ce moment-là que je voulais creuser ce filon.» La psychologie était là. Pour le côté physique, il s'est inspiré du comportement des gorilles: la manière que The Hulk a d'utiliser ses mains quand il grimpe et sa façon de courir viennent de là.

De l'autre côté de la caméra, créer The Hulk et l'intégrer à l'histoire a été la tâche la plus complexe du film. «Ce personnage est à la fois monstre et héros. Comment prouver qu'il est les deux? Pour moi, la différence vient de la décision qu'il prend de se joindre aux Avengers. Avant, il détruit tout parce... qu'il détruit tout. Après, il détruit encore tout... mais volontairement. Il fait partie de l'équipe et participe à la lutte contre Loki et les Chitauris», explique Joss Whedon qui s'est aussi permis de faire parler le personnage. «Il ne fait pas de grands discours! Quelques mots ici et là, mais très justes. Un peu comme un haïku», rigole-t-il. Avant de conclure, comme Mark Ruffalo, qu'il est très fier du résultat.