Avec sa trilogie du Chevalier noir, le réalisateur Christopher Nolan a redonné vie à Batman, permettant au passage à Warner Bros d'engranger de généreux profits. S'il est reconnu pour sa vision artistique, Christopher Nolan est aussi un producteur qui comprend les impératifs économiques du monde dans lequel il crée. Une double vie professionnelle qui l'a propulsé vers les plus hauts sommets d'Hollywood.

Son premier film (Following), le cinéaste britannique l'a réalisé avec 6000$ à sa sortie de l'université en 1998. «Nous pouvions faire rentrer toute l'équipe de production et les acteurs dans un taxi», dit Christopher Nolan, qui était l'invité-vedette de Produced By Conference, la réunion annuelle des producteurs de films américains (Producers Guild of America), le week-end dernier à Los Angeles.

Il faudrait toute une flotte de taxis pour transporter l'équipe de son dernier film, The Dark Knight Rises, en salles le 20juillet. Le blockbuster le plus attendu de l'été aurait coûté près de 200 millions à produire (le dernier Batman avait coûté 185 millions). «Je ne pense jamais en terme de taille pour un film, mais en terme d'histoire, dit-il. Inception [son dernier film] a été un très gros film, mais c'était aussi une excellente histoire.»

Prendre les rênes

Pour avoir un meilleur contrôle de son oeuvre, Christopher Nolan est devenu producteur dès son troisième film, Insomnia, doté d'un budget de 40 millions. Il s'agissait de son premier film hors du circuit du cinéma indépendant. Son film précédent, Memento, avait coûté trois millions. «J'aimais mieux être au courant de ce qui se passe que me faire dire de couper ci et ça», dit-il.

En raison du succès et de la rentabilité de ses derniers films (The Dark Knight a coûté 185 millions et généré un milliard au box-office mondial, Inception a coûté 160 millions et généré 825 millions), Christophe Nolan a aujourd'hui plus de latitude dans ses négociations avec Warner Brothers, qui a produit ses quatre derniers films.

Sa stratégie: établir un budget initial honnête et le respecter. «Il y a différentes façons d'approcher la question du budget, dit-il. La mienne, je présente au studio ce que ça prendra. Je leur dis: «j'aurais aimé que ce soit moins, mais ça prend ça.» Avec Batman Begins, nous avons essayé d'être responsables. Si vous respectez le budget, c'est une chose de moins à se préoccuper.»

S'il n'utilise pas de deuxième unité de tournage («un luxe», dit-il) et que sa «mémoire photographique» lui permet de réduire le nombre de prises, pas question pour le réalisateur britannique de tourner avec des caméras numériques, moins chères que les caméras traditionnelles. «Ça réduit la qualité du film, dit-il. Je ne peux pas faire de changements pour des raisons économiques, ni servir de département de R & D.Je veux utiliser la meilleure technologie possible pour faire un film.»

Rôles précis

Même s'il prend son travail de producteur très au sérieux, Christopher Nolan en laisse certains aspects à sa coproductrice, sa femme Emma Thomas. «Avec les acteurs, il doit être seulement le réalisateur, dit-elle. Je suis donc celle qui fait certaines demandes aux acteurs comme ''ok, il faudrait que tu arrives à temps...''«

Après la trilogie de Batman, Christopher Nolan et Emma Thomas produiront le prochain film de Superman (Man of Steel) pour Warner, mais Nolan ne sera pas derrière l'objectif (il agira aussi comme conseiller pour la prochaine série de films de Batman en 2015). Retournera-t-il ensuite à des films à budget plus modeste? «Ce serait tellement amusant», dit Emma Thomas en riant.

Son mari est toutefois conscient de sa chance d'être l'un des réalisateurs le plus en demande à Hollwyood.

«Pour le meilleur ou pour le pire, c'est un privilège énorme d'avoir la plateforme de lancement [d'un blockbuster], dit Christopher Nolan. Le plus grand stress pour un cinéaste, c'est d'avoir la chance que son film soit vu.»