Producteur de centaines de vidéoclips et de quelques longs métrages, Paul Barbeau a un jour senti un appel intérieur. Nourri par le besoin de laisser une trace, il s'est lancé dans l'écriture, la production et la réalisation d'un long métrage dont il est l'acteur principal. Son film sort en première mondiale à Shanghai.

C'était au début du mois de décembre 2009. Paul Barbeau venait d'apprendre que le vidéoclip Mr. Hurricane du groupe Beast, qu'il avait produit, était en nomination aux Grammys. Après une décennie de travail et 900 clips à son actif, il a illico décidé de fermer sa boîte de production, Nú Films.

«L'industrie musicale était en chute libre avec l'impact du téléchargement illégal, se remémore-t-il. Je perdais de l'argent chaque mois. J'aurais pu continuer à me battre quelque temps, mais je me suis dit qu'il valait mieux fermer sur un grand coup.»

Cette décision prise, Barbeau a été tourmenté par une de ces questions qui donnent le vertige au mitan de la vie. «Je me suis demandé ce qu'on pouvait laisser dans cette société basée sur le volume. Comment cristalliser en un mot, une phrase ou un geste ce qu'on fait une fois sur terre.»

Sa réponse, il l'a trouvée à travers son autre vocation, le cinéma. Car en marge de Nú Films, M. Barbeau avait fondé Reprise, une boîte consacrée à la production de films indépendants (Jo pour Jonathan, Roméo Onze et bientôt Avant que mon coeur bascule).

Pour répondre à l'appel intérieur qui le tenaillait, il est allé beaucoup plus loin. Tourné en 18 jours, dont trois à Brooklyn, en janvier 2011, Après la neige est son oeuvre à part entière. Non seulement il produit cette histoire, mais il l'a scénarisée et réalisée. En plus de s'attribuer le rôle principal.

Près de lui


Mettant aussi en vedette Benz Antoine, Émile Schneider-Vanier et Jean Larouche, le film suit le parcours d'un homme qui ferme son entreprise de clips et décide de se rapprocher des membres de sa famille, dont son père et son fils. Il réalise assez rapidement que cette bonne intention ne se fera pas en criant «vidéoclip».

«C'est proche de moi avec des éléments de fiction, dit l'auteur. J'ai fait le film avec mes économies, sans aucun financement public et aussi hors syndicats. Je sais que je prends un grand risque, mais au fond de moi, j'ai le sentiment que le geste est plus important que le résultat. Un jour, si mon fils regarde mon film, il pourra se dire: voilà dans quel état d'esprit j'étais à ce moment-là.»

M. Barbeau a partiellement fait appel à des comédiens non professionnels. Benz Antoine est l'un de ses amis d'enfance. Pour le rôle principal, il a jonglé avec l'idée d'embaucher un comédien, mais il s'est ravisé. «Je ne voulais pas me cacher derrière un comédien, dit-il. J'ai trouvé cela difficile. Ce sera mon unique fois. Par contre, j'ai aimé diriger et réaliser. Ça fera de moi un meilleur producteur dans l'avenir.»

À son grand bonheur, le film a été retenu pour le Festival international de Shanghai, où il sera présenté en première mondiale.