Il y a un peu de Cosette, d'Oliver Twist et même d'Henriette, cette fascinante névrosée d'Eldorado, dans Élise, le personnage qu'incarne Pascale Montpetit dans The Girl in the White Coat, film canadien bilingue de Darrell Wasyk.

Mais il y a avant tout le talent de Pascale Montpetit aux yeux du réalisateur, qui a modelé le personnage principal du film en fonction de ce que la comédienne est en mesure de défendre devant la caméra.

Élise, c'est la fille pauvre, poquée, sans ressources et sans amour. Celle qui s'arrache le coeur pour payer les frais d'hébergement de son père atteint d'Alzheimer et dont le vide existentiel trouve chaque matin écho dans celui du réfrigérateur. Celle dont la richesse se résume à quelques photos, son oiseau D'Artagnan et son manteau blanc qui, à l'image de sa vie, est à rapiécer sous toutes les coutures.

Une fable, un conte que ce film? Oui, il y a beaucoup de cela, répond Pascale Montpetit. Mais l'inspiration vient de la littérature russe du XIXe siècle et du cinéma néo-classique italien.

«J'avais tourné avec Darrell le film H en 1990. Une histoire très noire, pour laquelle j'avais remporté le prix Genie de la meilleure interprétation féminine, rappelle-t-elle. Depuis, Darrell voulait retravailler avec moi. Un jour où nous conversions, je lui ai dit que je lisais des textes de Tchekov. Deux ans plus tard, il me rappelle et me raconte qu'il venait de lire la nouvelle Le manteau de Gogol. Il m'a dit: Ça te ressemble tellement. Il en a fait une adaptation très libre où le personnage principal, un homme, devient une femme.»

Quant au néo-classicisme italien, on le trouve dans la trame très simple et campée dans un milieu pauvre du long métrage.

Montréal ouvrier

L'histoire originale est transposée dans un Montréal moderne et ouvrier. Employée sans envergure dans une usine de papier, Élise tire le diable par la queue. Elle fait l'objet de moqueries de ses camarades. Dans la maison de chambre où elle demeure, elle est tyrannisée par sa propriétaire (Monique Mercure). Elle roule ses sous noirs pour s'acheter une pâtisserie. Seuls son patron (Roc Lafortune), la maîtresse de ce dernier (Lita Tresierra) et le copropriétaire d'un atelier de couture (Paul Savoie) lui témoignent un peu d'humanité.

«Pendant que nous tournions, on se demandait tout le temps s'il existe vraiment des personnes aussi pauvres, dit la comédienne. Moi, je n'ai pas la réponse, mais je me disais que chaque jour en marchant dans la ville, on croise des gens dont on ne connaît pas l'histoire et qui peuvent être bien seuls. C'est à eux que je pensais sur le plateau.»

Démunis

La comédienne évoque aussi toutes ces personnes anonymes qui, sans être les plus indigentes de la société, ont du mal à joindre les deux bouts. «On parle beaucoup des sans-abri ou des toxicomanes, mais il y a beaucoup de gens qui sont à 5$ d'équilibrer leur budget hebdomadaire, qui sont toujours un peu en dessous. D'eux, on ne parle jamais.»

De bout en bout, la vie d'Élise sera faite de petites et de grosses misères. Et ça ne s'améliorera pas à la finale, qui reste ouverte.

Y a-t-il de l'espoir pour son personnage? «Il y a un mince espoir, croit Mme Montpetit. Élise est comme un enfant de trois ans. Elle n'est pas rusée. Or, le personnage de l'enfant qu'elle croise à la fin parle de lui-même. Pour une fois, elle rencontre quelqu'un en qui elle se reconnaît.»

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À l'affiche le 22 juin à l'Excentris.