À l'heure où l'on évoque souvent la crise de diffusion du cinéma d'auteur, voilà qu'une nouvelle salle lui étant entièrement consacrée ouvrira ses portes à la fin du mois. Situé en plein coeur du Carré doré, le Cinéma du Musée sera aussi le seul cinéma de l'ouest de la ville à offrir une programmation entièrement accessible au public francophone.

Les cinéphiles et amateurs d'art connaissent déjà l'auditorium Maxwell-Cummings du Musée des beaux-arts (MBAM) pour avoir ponctuellement assisté à des projections de films, organisées dans le cadre de différents festivals. L'endroit a fait l'objet de très importantes rénovations afin d'être transformé en vraie salle de cinéma. À compter du 25 septembre, le Cinéma du Musée sera ouvert aux cinéphiles tous les jours au gré d'une programmation régulière, laquelle sera établie par l'équipe du Cinéma Beaubien.

« Les beaux-arts accueillent le septième art, lance la directrice du MBAM, Nathalie Bondil, en faisant visiter le chantier. L'idée était de mieux utiliser cet espace, très bien situé au centre-ville. Je crois que la demande est là, et notre modèle est quand même distinct. La salle de cinéma du MoMA à New York est très différente parce que la sélection est liée aux expositions, plutôt que de s'inscrire dans la programmation régulière des cinémas de la ville. J'ai souhaité m'associer avec des experts et faire de cette équipe un partenaire en résidence. On souhaite attirer aussi un public autre que celui déjà acquis au Musée. »

NEUVIÈME SALLE DU RÉSEAU

Pour Mario Fortin, à la tête de l'équipe du Cinéma Beaubien, le Cinéma du Musée constituera la neuvième salle d'un réseau qui, outre les cinq salles du Cinéma Beaubien, compte aussi les trois salles du Cinéma du Parc. On s'y fera un devoir de rendre les films accessibles aux deux principales communautés linguistiques de la ville en présentant des versions sous-titrées, peu importe leur provenance. L'engagement est de taille, car, mis à part le Cinéma du Parc, qui présente parfois - pas toujours - des versions sous-titrées dans la langue de Molière, aucun complexe de cinéma situé à l'ouest du boulevard Saint-Laurent ne présente de films accessibles au public francophone.

« Nous souhaitons des conditions optimales, indique Mario Fortin. Le nouvel écran est deux fois plus grand, et nous avons installé un projecteur laser - le Smart Laser, fourni par Barco - qui sera l'un des premiers en fonction à Montréal. Aussi, cette salle contient 294 places. Une salle de cette dimension - qui est même plus grande que la plus grande des salles du Beaubien - n'existait pas encore à Montréal et elle répond à un besoin. »

LA CRÈME DE LA CRÈME

Étant doté d'un bel escalier menant à la salle, l'endroit sera aussi l'hôte de premières de films et accueillera des festivals. Cela dit, la vocation du Cinéma du Musée sera de proposer des films en séances régulières. 

« Nous visons une clientèle qui ressemble à celle que nous accueillons dans les deux autres cinémas, d'autant que la proximité des universités McGill et Concordia amènera aussi plusieurs étudiants, explique Mario Fortin. Et puis, ce cinéma de près de 300 places va donner un peu d'air frais aux deux autres. C'est-à-dire que nous présenterons ici en primeur la crème de la crème, et ces films pourront ensuite poursuivre leur carrière au Beaubien ou au Cinéma du Parc. Le roulement risque quand même d'être un peu plus rapide ici, car pour remplir une salle de près de 300 places, il faut des films qui attirent les gens. »

Les distributeurs québécois qui font déjà affaire avec le Beaubien et le Cinéma du Parc sont évidemment d'accord pour suivre le MBAM dans cette nouvelle aventure, avec une nouvelle salle dont la programmation sera entièrement constituée de cinéma d'art et d'essai.

« La mission première de ce cinéma est de présenter des primeurs en séances régulières, de la même manière qu'on le fait au Beaubien et au Cinéma du Parc. » - Mario Fortin, PDG des Cinémas Beaubien et Du Parc

« À travers cette programmation de base, des événements se grefferont naturellement au Musée, grâce à des films qui peuvent exister en lien avec les expositions, histoire de construire une programmation qui tient compte du lieu dans lequel on est », ajoute M. Fortin.

Par ailleurs, Nathalie Bondil ne compte pas s'arrêter là.

« À plus long terme, nous avons le projet d'ajouter une salle, annonce-t-elle. Tout est déjà prêt pour ça. Là, nous nous attardons à soigner l'accueil et à faire du hall d'entrée un endroit magnifique, avec cet escalier qui n'attend plus que les premières. Et puis, il y aura un salon et du popcorn ! »

Dès le 25 septembre, le Cinéma du Musée s'offrira quelques jours de rodage avant d'accueillir les films du Festival du nouveau cinéma. Ensuite, on procédera à une autre période de rodage avant que n'arrivent les spectateurs des Rencontres internationales du documentaire de Montréal. 

« Ça nous fera un mois ou deux de rodage, indique Mario Fortin. Ce sera comme notre année zéro ! »

Photo Olivier PontBriand, La Presse

Dès le 25 septembre, le Cinéma du Musée s'offrira quelques jours de rodage avant d'accueillir les films du Festival du nouveau cinéma.