Sait-on tout d'un film après avoir vu sa bande-annonce? Que s'imagine-t-on après en avoir visionné une? Alex Perron et Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques nous parlent de deux films de la rentrée, inspirés par leurs bandes-annonces.

Alex Perron

The Nun (V.F.: La religieuse). Film d'horreur de Corin Hardy. Avec Demian Bichir, Taissa Farmiga, Bonnie Aarons, Jonas Bloquet. En salle.

«Je suis un fan fini des films d'horreur et de science-fiction. J'aime le frisson et les effets spéciaux qu'on trouve dans ce genre de films. Or, The Nun (La religieuse) s'inscrit parfaitement dans cette veine. C'est un prequel à la saga du film The Conjuring qui va nous expliquer les origines de la religieuse maléfique, épeurante, qui terrorise le couple des Warren dans Conjuring 2: le cas Enfield.

«On revient aux sources de l'apparition de ce personnage démoniaque. L'histoire nous raconte l'enquête d'une novice et d'un prêtre envoyés par le Vatican pour éclaircir le mystère du suicide d'une religieuse.

«En voyant la bande-annonce, j'étais à la fois heureux et curieux de voir qu'on ait développé le personnage de la religieuse aperçu dans les films précédents. Je me fais des scénarios imaginaires. En attendant de savoir d'où provient ce personnage au visage livide et terrifiant. Ce premier week-end de la sortie, c'est sûr que je vais être dans la salle.

«La tendance actuelle est de faire trois ou quatre bandes-annonces pour promouvoir la sortie d'un film. Or, moi, quand j'en ai vu une, je ne regarde pas les autres. Je me garde une petite gêne. Je n'aime pas connaître tous les éléments d'une histoire (sa prémisse, ses rebondissements, sa finale) avant de voir un film. J'aime que l'intrigue demeure un peu secrète pour la découvrir au visionnement. Surtout avec les films d'horreur, dévoiler les punchs dans la bande-annonce, c'est saboter le plaisir des cinéphiles. Je veux trembler en regardant The Nun! [rires]»

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques

The House With a Clock on Its Wall (V.F.: La pendule d'Halloween). Drame fantastique d'Eli Roth. Avec Jack Black, Owen Vaccaro, Cate Blanchett. En salle le 21 septembre. 

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«Enfin un film sur l'enfance de Steven Seagal, mythique acteur du film Cuirassé en péril! Dès les premières images, nous sommes plongés dans les années 50, ce qui n'est pas sans rappeler que Seagal a vu le jour en 1952, mais l'allusion à ce dernier reste subtile. Quand l'oncle parle du kimono, l'immersion dans l'univers seagalien est totale, puisque c'est une allusion directe à la passion de Steven pour le karaté. Il est alors interpellé par une femme avec des lentilles aussi étranges que nombreuses, c'est évidemment une métaphore des lentilles d'Hollywood qui s'intéresseront toujours plus à Steven. À l'arrière-plan, un navire bouge et une créature marine fait sentir sa menace... C'est un clin d'oeil et un prélude évident à Cuirassé en péril, le Citizen Kane de Seagal.

«L'élément déclencheur de l'aventure de la vie de Steven survient quand il tente de lire le livre! On remarque qu'il lit le livre comme il lit ses scénarios... c'est-à-dire tout croche. Ce qui nous démontre enfin le mystère de l'école Seagal. Viennent ensuite: le maniement du feu, métaphore des fusils, la matérialisation des étoiles, métaphore de sa place dans le star-système, un félin en cage, métaphore de la force brute contrôlée. La séquence qui marquera assurément l'histoire du cinéma est celle du ballon de basketball qui assomme deux enfants avant d'entrer dans le panier. Quelle merveille! C'est toute la subtilité et l'humour caractéristiques du jeu de Seagal, en plus de l'efficacité des arts martiaux, qui sont célébrés dans cette séquence!

«Tous les clins d'oeil aux futures oeuvres de Steven apparaissent: le plancher menaçant, c'est On Deadly Ground (Terre interdite, 1994), le nuage noir, c'est la menace bactériologique de The Patriot (Le patriote, 1998), la pluie est bien présente comme dans Executive Decision (Décision au sommet,1996).

«Et puis, alors que nous croyions à un biopic classique, rebondissement! Ce n'est pas seulement un film sur la vie de Seagal, mais une sorte de fable sur sa carrière, puisque deux thèmes capitaux à la filmographie de Seagal sont exploités. Premièrement, les explosions! Elles sont ici provoquées par un méchant comme dans Ticker (Déclic, 2001), Out for a Kill (2003), Into the Sun (Piège au soleil levant, 2005), Black Dawn (Dernier recours, 2005) et bien sûr Sniper: Special Ops (2015). Deuxièmement, les horloges dans les murs de la maison. C'est donc comme si le temps qui passait était intrinsèque à l'existence. C'est comme Steven.»

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, archives LA PRESSE

Philippe-Audrey Larrue-St-Jacques