Chaque année, de mai à septembre, Montréal et plusieurs régions québécoises accueillent les tournages de nombreux longs métrages québécois et étrangers. Voici le premier article de cette série estivale.

Le temps. La longue route. La résilience. S'il y a trois éléments qui lient Alain Olivier, le Québécois de qui l'histoire de Gut Instinct est inspirée, et Daniel Roby, qui a longuement planché sur ce projet de film, ce sont ceux-là.

Olivier a passé 8 ans (1989-1997) dans les geôles de Bangkok, dont 42 mois enchaîné, après sa condamnation dont, dit-il, il a été la victime, car il a été manipulé par des agents de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Depuis son retour au pays, Olivier n'a jamais cessé de clamer son innocence, et y consacre tout son temps et son argent. Sa poursuite de 47 millions de dollars contre la GRC n'a cependant jamais abouti, car les tribunaux ont rejeté sa cause.

Le cinéaste Daniel Roby est fait de cette même persistance. Son projet de film, il y travaille depuis 10 ans. Pour lui, il était vital de raconter l'histoire d'Alain Olivier et celle du journaliste du Globe and Mail Victor Malarek, déterminé à faire éclater la vérité.

« Tous ceux qui me connaissent savent que je ne lâche jamais le morceau », dit Roby à l'extérieur d'un édifice de Laval où le plateau de tournage était installé, il y a deux semaines, pour la scène finale du film.

« Je croyais que ce serait mon deuxième film, et c'est finalement mon cinquième. Quand je décide que je vais faire un truc, je le fais. »

- Daniel Roby

Gut Instinct raconte l'affaire de trois points de vue : celui d'Olivier, celui de Malarek et celui des policiers. Et comme il n'avait pas l'autorisation de tous (lire : les policiers), le réalisateur a dû changer le nom d'Alain Olivier (Daniel Léger dans le film) pour éviter les poursuites judiciaires. « On l'oublie, on n'a pas le premier amendement, un article de Constitution qui protège la liberté d'expression au Canada », dit-il.

Antoine Olivier Pilon est heureux d'incarner le personnage de Daniel Léger, car l'histoire est lourde de sens à ses yeux.

« Je préfère les films qui transmettent des messages, qui font en sorte que les gens se posent des questions, dit le jeune homme de 21 ans. J'aime des films qui sensibilisent et font réfléchir. Et c'est ce qu'on retrouve dans ce scénario très fort. »

Et quel est le message transmis ici ? « Un message de justice et de droits de la personne répond-il. J'ai été un peu choqué de voir ce qui est arrivé à ce gars-là. J'ai eu une envie de justice. »

« UNE FORME DE PARANOÏA »

L'Américain Josh Hartnett, vedette de plusieurs grandes productions hollywoodiennes comme Black Hawk Down et Pearl Harbor, indique de son côté que ce genre d'imbroglio arrive trop souvent aux États-Unis. « Des histoires comme celles-là arrivent tout le temps, dit-il. C'est terrible à dire, mais une forme de paranoïa existe autour de ça. »

Très souriant, détendu, Hartnett a longuement expliqué comment on a construit son personnage de journaliste d'enquête en rencontrant le vrai Victor Malarek à Toronto. « Avec lui, nous avons visité les locaux du Globe and Mail et quelques repaires où Victor aime glander. Il nous a raconté plusieurs histoires. Sa passion est contagieuse. Il n'y a pas tant de gens convaincus de l'importance de la justice sociale. »

Le tournage s'est amorcé en Thaïlande pour ensuite déménager en Colombie-Britannique et dans la région de Montréal, où il s'est terminé le 23 juin dernier.

SORTIE PRÉVUE : 2019

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Josh Hartnett sur le plateau de Gut Instinct

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Josh Hartnett et Antoine Olivier Pilon sur le plateau de Gut Instinct