« Il n'y a vraiment aucun endroit où se cacher » : c'est la leçon que tire Scarlett Johansson, actrice au sommet de sa gloire, des mouvements metoo et Time's Up. « C'est plutôt choquant de voir les résultats de tout cela. C'est encore tout nouveau ».

L'actrice multimillionnaire, qui enchaîne les succès avec notamment son rôle vedette dans la série Avengers, s'est montrée confiante, lors d'une récente interview à New York, sur ces mouvements anti-harcèlement qui secouent l'industrie du cinéma depuis les révélations sur le producteur Harvey Weinstein.

« C'est impressionnant », dit l'actrice aux élégantes pommettes et au teint de porcelaine. « Je suis dans l'industrie du cinéma depuis si longtemps, ces discussions sont vraiment importantes et révolutionnaires ».

À 33 ans, Scarlett Johansson a déjà plus de 20 ans d'expérience derrière elle. Elle fait partie des rares vedettes féminines dont les salaires n'ont rien à envier à ceux de leurs collègues masculins.

Militante, elle a défendu Planned Parenthood, la planification familiale américaine attaquée par les conservateurs et les militants anti-avortement. Elle a aussi participé à la campagne de réélection de Barack Obama en 2012 et été une des vedettes de la grande Marche des femmes organisée contre Donald Trump, au lendemain de son investiture en janvier 2017.

Mère d'une petite fille née en 2014, elle fait aussi de la musique à ses heures perdues.

Après une première collaboration avec le musicien et compositeur Pete Yorn en 2009, ils ont sorti vendredi un nouvel album, Apart, dont les cinq chansons - pour lesquelles l'actrice a posé sa voix en une après-midi - traitent des conséquences d'une rupture amoureuse.

Johansson, une New-Yorkaise pur jus, est de ces gens qui semblent réussir tout ce qu'ils touchent. La critique l'applaudit comme actrice depuis son plus jeune âge, et son rôle dans Lost in Translation (2003) l'a consacrée à l'âge adulte.

Après avoir réussi à Broadway, l'actrice est aujourd'hui une valeur sûre pour les studios, contribuant à attirer des millions de spectateurs pour des films de superhéros comme Iron Man 2 ou la série des Avengers, avec un nouveau projet, Black Widow, en cours de réalisation.

Et elle n'oublie pas la comédie, comme lorsqu'elle caricature Ivanka Trump, la fille du président américain, dans la célèbre émission satirique américaine Saturday Night Live.

Quant à ses nouvelles chansons, qui l'ont amenée à donner une série d'interviews avec Pete Yorn, elle souligne que la musique est pour elle juste une autre façon de s'exprimer.

« Ça vient essentiellement de là », dit-elle, en pointant du doigt son estomac. « Et aussi parfois de là », dit-elle, montrant son coeur.

« Portes grandes ouvertes »

À ceux qui pensent qu'Hollywood change trop lentement, elle prêche la patience.

« C'est un long processus et il faut garder les yeux sur l'objectif final : il faut être patient, graduel et déterminé et continuer à avancer », dit-elle.

« Dans le cinéma, il y a des discussions aujourd'hui sur des projets et l'importance de la diversité [...]. Il y a 10 ans, personne ne parlait de tout ça. »

« De temps en temps, vous entendiez quelqu'un dire, "Oh, il faudrait mettre une voix féminine dans ce projet", et vous vous demandiez, "Que diable veulent-ils dire ?" »

« C'était peut-être quelqu'un qui avait l'idée de faire venir une femme dans le projet d'écriture, ou autre chose. Mais maintenant, les portes sont grandes ouvertes. »

Si elle soutient le metoo, Johansson a été critiquée et taxée d'hypocrisie pour ne pas avoir renié Woody Allen, avec lequel elle a beaucoup tourné, notamment Match Point (2005) ou Vicky Cristina Barcelona (2008).

La fille adoptive du réalisateur new-yorkais, Dylan Farrow, a relancé récemment des accusations de harcèlement sexuel contre lui, qui datent d'il y a plus de 25 ans. Le réalisateur n'a jamais été inculpé.

Malgré ces reproches, Scarlett Johansson n'a pas hésité à faire un geste remarqué début mai lors du Met Gala, une des soirées new-yorkaises les plus courues de l'année, en apparaissant vêtue d'une robe pourpre signée Marchesa, la maison de mode cofondée par Georgina Chapman, ex-compagne d'Harvey Weinstein.

« Pour moi, c'est vraiment inhumain de tenir quelqu'un pour responsable des actions de son partenaire », souligne Johansson, en réponse à ceux qui voyaient Marchesa vouée à la faillite après le scandale. « Ça semble profondément injuste ».

« Je voulais juste [porter] quelque chose de beau, mon idée de quelque chose de céleste et romantique ».