Le 2 avril 1968, au théâtre Uptown de Washington, le long métrage 2001: A Space Odyssey (2001: l'Odyssée de l'espace) de Stanley Kubrick était présenté en première mondiale. Le film sortait dès le lendemain dans les salles de cinéma américaines. Après un départ mitigé, il s'est inscrit comme une oeuvre phare du cinéma. Retour sur 50 ans d'histoire.

56 954 992 $

Depuis sa sortie, le film a engrangé des revenus domestiques (le territoire des États-Unis et du Canada) de 56 954 992 $ selon le site spécialisé Box Office Mojo. Le budget de production tournait autour de 12 millions de dollars, toujours selon Box Office Mojo.

HAL 9000: une voix canadienne

Outre Dave Bowman et Frank Pole, les deux astronautes de la mission spatiale en route vers Jupiter, le troisième personnage du film est... HAL 9000, l'ordinateur de bord assez intelligent pour lire sur les lèvres. Or, la voix de HAL 9000 était celle de Douglas Rain, un acteur canadien originaire de Winnipeg. Selon un article de Vanity Fair consacré au cinquantenaire du film, M. Rain a été choisi parce que son accent n'était ni trop américain ni trop britannique. Le texte dit aussi qu'à l'origine, c'est Martin Balsam (Psycho, 12 Angry Men) qui avait été embauché pour incarner HAL.

Quand Kubrick aime l'ONF

Or, curieusement, Douglas Rain était aussi le narrateur de Universe (Notre univers), un court métrage documentaire de 1960 expliquant le fonctionnement de l'univers. Réalisé par Roman Kroitor et Colin Low, ce film produit par l'Office national du film (ONF) a remporté un prix au Festival de Cannes. Un blogue de l'ONF indique non seulement que Kubrick a été influencé par ce film, mais encore qu'il a embauché Wally Gentleman, créateur des effets spéciaux de Universe, pour travailler sur 2001: A Space Odyssey.

En parallèle avec Arthur C. Clarke

D'ordinaire, un film est l'adaptation d'un roman. Or, dans le cas de 2001: A Space Odyssey, le film a été créé en même temps que l'ouvrage signé Arthur C. Clarke. Ce dernier est d'ailleurs coauteur du scénario. Une nouvelle de Clarke intitulée The Sentinel, dans laquelle il est question d'un objet extraterrestre, une pyramide de cristal, abandonné sur la lune, serait en fait une des sources d'influence du film. À propos d'influence, Kubrick aurait aussi beaucoup aimé En route vers les étoiles, un long métrage de Pavel Klouchantsev sorti en 1957.

Une semaine chargée

La sortie du film de Kubrick est survenue à l'occasion d'une semaine chargée en Amérique du Nord. D'abord, le soir du dimanche 31 mars 1968, le président américain Lyndon Baines Johnson annonce qu'il ne sollicitera pas un nouveau mandat présidentiel aux élections de novembre. Le jeudi 4 avril, le leader noir Martin Luther King est assassiné à Memphis. Le même jour, à Cap Canaveral, a lieu le lancement de la mission, non habitée, Apollo 6. Puis, le samedi 6 avril à Ottawa, Pierre Elliott Trudeau remporte la course à la direction du Parti libéral du Canada et devient du coup (il sera assermenté le 20 avril) premier ministre du Canada.

Une ellipse mémorable

D'aucuns, chez les fans et experts du film, ont souligné au fil des ans une scène digne des plus belles ellipses de l'histoire du cinéma. Celle-ci se passe au début du film qui nous ramène, justement, au début de l'histoire de l'humanité. Un singe s'empare d'un gros os et s'en sert comme une arme contre un adversaire. Victorieux, il projette son outil au bout de ses bras. L'os monte, monte et monte dans le ciel puis, dans un clignement d'yeux, est transformé en vaisseau spatial.

PHOTO SENA VIDANAGAMA, archives agence france-presse

Arthur C. Clarke

Cachez ce costume...

Le récent reportage de Vanity Fair raconte aussi que durant le tournage de 2001, qui a eu lieu à Londres, Stanley Kubrick avait pris des mesures pour que les costumes des singes présents dans le film soient fabriqués dans le plus grand secret. Car il craignait la présence d'espions d'un autre film, La planète des singes de Franklin J. Schaffner, sur le plateau de tournage. Finalement, l'année suivante, La planète des singes a remporté un Oscar, honorifique à l'époque, pour les meilleurs maquillages alors que le film de Kubrick est reparti avec celui des meilleurs effets visuels. La cuvée des films en nomination cette année-là comprenait aussi Oliver! (Oscar du meilleur film), Funny GirlThe Odd Couple ainsi que Guerre et Paix, un film soviétique qui a remporté l'Oscar du meilleur film étranger.

Au National Film Registry

En 1988, la Bibliothèque du Congrès des États-Unis créait une nouvelle branche, le National Film Registry, vouée à la conservation à perpétuité des plus grands films de l'histoire du cinéma américain. Chaque année, depuis 1989, 25 films sont inscrits au registre. Celui de Kubrick a joint les rangs dès la troisième année, en 1991.

Cannes salue Kubrick

Par le biais de sa section Cannes Classics, le Festival de Cannes célébrera à sa façon les 50 ans du film avec une projection commentée par le cinéaste Christopher Nolan (Interstellar, Inception, Dunkirk) le samedi 12 mai. Ce jour-là, on projettera une toute nouvelle version du film en 70 mm faite à partir du négatif original. «Il s'agit d'une recréation photochimique fidèle, sans retouche numérique, effet remastérisé ou modification de montage», lit-on dans un communiqué de presse. La célébration aura lieu en présence de membres de la famille de Kubrick, décédé en 1999.

Photo fournie par Métro-Goldwyn-Mayer

Keir Dullea dans 2001: l'Odyssée de l'espace