Hollywood retient son souffle pendant que Black Panther, le premier superhéros noir des studios Marvel à avoir les honneurs d'un film à son nom, s'apprête à bondir à l'écran.

Quelques mois après qu'une superhéroïne féminine, Wonder Woman, eut cartonné au box-office, et après des années de polémique sur le manque de diversité ethnique et les discriminations envers les femmes à Hollywood, tous les regards se tournent vers T'Challa, roi d'une contrée africaine fictive, incarné à l'écran par Chadwick Boseman.

Black Panther, superhéros créé par Stan Lee dans les années 60, sera-t-il une nouvelle figure de proue de la diversité? Le film, qui sort le 16 février dans le monde entier, aura-t-il un succès suffisant pour convaincre les studios d'injecter leurs dollars dans de nouveaux personnages noirs?

Les attentes sont en tout cas élevées pour la superproduction mise en scène par Ryan Coogler (Creed), l'un des réalisateurs afro-américains les plus en vue, à seulement 31 ans.

La société spécialisée dans le box-office Exhibitor Relations s'attend à des recettes massives de 135 millions dès le premier week-end, et 375 millions au total sur le marché nord-américain.

Le Washington Post écrit que le «buzz» autour du film présage d'un «moment cinématique marquant».

Le film, qui mêle courses poursuites, décors futuristes, humour et héros aux costumes et maquillages inspirés de guerriers africains, a été salué par une ovation lors de son avant-première.

La presse s'est notamment enthousiasmée sur l'élégance de la distribution rassemblant le gotha des acteurs noirs d'Hollywood (Lupita Nyong'o, Daniel Kaluuya, Angela Bassett, Forest Whitaker, Michael B. Jordan...). Les premières critiques sont enthousiastes, à l'instar de la journaliste du Los Angeles Times Jen Yamato, qui a qualifié sur Twitter la grosse production d'«incroyable, dynamique, résolue».

«Se sentir plus fort»

«Je ne pourrais décrire cette sensation de s'asseoir et voir un film, me voir moi-même à l'écran, pas personnellement mais des gens qui vous ressemblent, et se sentir plus fort, voir tous ces thèmes qui font sens socialement, mais dans un film», a expliqué lors d'une conférence de presse mardi Michael B. Jordan, qui joue le rival de T'Challa.

T'Challa, roi et protecteur de la nation technologiquement avancée de Wakanda, considérée comme la plus développée au monde, n'est pas le premier superhéros noir.

Les salles obscures ont déjà vu défiler près de 30 superhéros noirs depuis le début des années 90, y compris le Falcon de Marvel (interprété par Anthony Mackie depuis 2014), Wesley Snipes en chasseur de vampires dans Blade (1998) et Halle Berry en princesse kényane Storm dans quatre opus de X-Men... et en Catwoman.

Luke Cage, autre personnage aux pouvoirs surpuissants de Marvel, a même sa série télé sur Netflix.

Chadwick Boseman, né en Caroline du Sud mais dont la famille est originaire de Sierra Leone, a expliqué lors de la conférence de presse avoir décidé de donner un accent africain à son personnage bien que certains aient tenté de l'en dissuader.

«Il y a eu une période où beaucoup de gens me demandaient si le public pourrait regarder tout un film où le personnage principal parlerait avec l'accent» d'Afrique de l'Est qu'il donne à T'Challa.

«J'étais catégorique», «les intonations et mélodies d'un accent africain sont toutes aussi classiques que celles de Grande-Bretagne ou d'Europe», a-t-il insisté.

«Ses ancêtres n'ont jamais été conquis (...) Il n'a pas besoin d'aller à Oxford ou Cambridge ou Yale».

Le rôle de T'Challa, déjà apparu dans Captain America: Civil War (2016), a changé la vie de l'acteur de 41 ans.

Quand le studio Marvel lui a offert en 2014 d'incarner ce personnage pour cinq ans dans une série de films, il s'était déjà forgé une réputation en incarnant le célèbre joueur de baseball Jackie Robinson dans 42 (2013), puis le roi de la soul James Brown dans Get on Up (2014).

Il va devenir une star encore plus incontournable avec la sortie d'un nouvel opus de la saga Avengers de Marvel en mai: Infinity War.