Barbara de Mathieu Amalric, biopic ensorcelant sur la «dame en noir» disparue il y a vingt ans, porté par l'interprétation de Jeanne Balibar, a remporté vendredi le prestigieux prix Louis-Delluc 2017 du meilleur film français.

«C'est un film qui nous a beaucoup touchés par sa justesse», a déclaré devant la presse Gilles Jacob, président du prix considéré comme le «Goncourt du 7e art». Mathieu Amalric, a-t-il ajouté, «est arrivé à quelque chose de très difficile: reconstituer l'univers d'une chanteuse et à l'incarner».

Les autres films en course pour ce prix, créé en 1937, étaient 120 battements par minute de Robin Campillo, Les fantômes d'Ismaël d'Arnaud Desplechin, Belle dormant d'Adolfo Arrietta, Carré 35 d'Éric Caravaca, Les gardiennes de Xavier Beauvois, I Am not your negro de Raoul Peck, Jeannette, l'enfance de Jeanne d'Arc de Bruno Dumont et Makala d'Emmanuel Gras.

Mathieu Amalric, qui tient par ailleurs le rôle principal dans Les fantômes d'Ismaël, s'est montré très ému d'avoir été distingué parmi cette sélection. «Je tombe des nues, c'est complètement fou», a-t-il déclaré, joint par téléphone.

Barbara met en scène une actrice possédée par le personnage qu'elle doit incarner et un réalisateur interprété par Mathieu Amalric, envoûté par l'interprète de L'aigle noir, Nantes ou Göttingen, disparue il y a 20 ans.

Le long métrage a déjà remporté le prix de la poésie du cinéma dans la sélection un certain regard à Cannes et le prix Jean Vigo. Il bouleverse les codes du biopic et entraîne le spectateur dans un tournis avec Jeanne Balibar livrant une double performance de chanteuse et d'actrice.

Avec des archives vidéos de son personnage, Brigitte l'actrice travaille la voix, les chansons, mais aussi les attitudes et gestes familiers de Barbara. Parallèlement, le spectateur suit dans ses recherches le réalisateur rapidement ensorcelé par son sujet.

Dans ce film, la comédienne étonne par un jeu qui la transforme physiquement en Barbara, jusqu'à maîtriser le débit de la mythique chanteuse quand elle parlait.

«On m'avait souvent proposé de l'incarner et j'avais toujours refusé. Les projets que l'on me soumettait ne rendaient pas justice à l'amour que je lui portais», avait expliqué l'actrice au moment de la sortie du film.