Près d'une quarantaine de femmes ont accusé lundi, dans le Los Angeles Times, le réalisateur américain James Toback de harcèlement et d'agressions sexuelles, commises sur plusieurs décennies.

Ces nouvelles révélations s'inscrivent dans la foulée de l'affaire Harvey Weinstein qui secoue Hollywood et pousse de nombreuses actrices à dénoncer ouvertement des pratiques jusqu'ici passées sous silence dans l'industrie américaine du cinéma.

Dans une longue enquête pour laquelle 31 actrices ou aspirantes actrices sur 38 ont accepté de témoigner à visage découvert, le quotidien californien affirme que James Toback, 72 ans, avait pour habitude de « rôder dans les rues de Manhattan à la recherche de jeunes femmes attirantes ».

Son but : les attirer dans un entretien en tête-à-tête, en leur faisant miroiter une carrière d'actrice grâce à ses connexions dans le monde du cinéma.

Le plus souvent, les jeunes femmes devaient répondre à des questions sur leur vie sexuelle puis regarder James Toback se masturber et éjaculer devant elles.

« Je me suis senti comme une prostituée, une déception pour moi-même, mes parents, mes amis. Et je ne méritais pas d'en parler à quiconque », a expliqué l'actrice américaine Adrienne LaValley après un épisode datant de 2008 au cours duquel James Toback s'est frotté à elle avant d'éjaculer, a-t-elle témoigné.

Le réalisateur demandait fréquemment aux aspirantes actrices de se déshabiller afin de tester, disait-il, leur aisance et leur potentiel devant une caméra.

« Étrangement, je pensais : " c'est un test pour savoir si je suis une vraie artiste et si je veux sérieusement être actrice " », a confié Starr Rinaldi, approchée par James Toback à Central Park, il y a une quinzaine d'années.

Contacté par le Los Angeles Times, James Toback a nié ces accusations, assurant n'avoir jamais rencontré ces femmes ou alors « pour cinq minutes et sans en avoir aucun souvenir ».

L'agent du réalisateur n'a pas répondu dans l'immédiat aux demandes de commentaires de l'AFP.

James Toback est scénariste et réalisateur depuis 1974. Son film le plus récent The Private Life of a Modern Woman, avec Sienna Miller, a été présenté au festival du film de Venise.

En 1987, il avait réalisé un film aux accents autobiographiques The Pick-Up Artist avec Robert Downey Jr., à qui il a offert deux autres premiers rôles dans Two Girls and a Guy (1997) et Black and White (1999).

Cette nouvelle affaire de moeurs à Hollywood fait suite à celle visant le producteur Harvey Weinstein, accusé par plus de 40 femmes de harcèlement, abus sexuels et viols. Des enquêtes criminelles sont en cours à Londres, New York et Los Angeles.

Parallèlement, des accusations de pédophilie à Hollywood émergeaient lundi. L'acteur et musicien Corey Feldman, qui clame depuis des années avoir été victime d'abus sexuels lorsqu'il était un enfant acteur tout comme son ami aujourd'hui décédé Corey Haim, a twitté jeudi être « heureux que les gens parlent et j'espère que d'autres vont prendre la parole publiquement car il y a beaucoup d'autres témoins des crimes dont je parle ».

« Je prépare un plan qui pourrait être une façon de mettre en lumière la situation. Si j'arrive à trouver une manière d'obtenir justice », a-t-il ajouté.

Ses propos ont largement été relayés dans la presse, le site Page Six titrant ce week-end « Corey Feldman essaie d'obtenir enfin justice » et le cinéaste oscarisé Paul Haggis interrogeant dans The Guardian dimanche : « est-ce que les gens protégeaient les pédophiles également » à Hollywood ?. « Je suis certain que les allégations d'anciens enfants artistes comme Corey Feldman et Corey Haim [...] méritent d'être étudiées ».

La semaine dernière, le Hollywood Reporter affirmait qu'un agent d'acteurs, Tyler Grasham, était en congé de l'agence APA dans le cadre d'une enquête interne faisant suite à des allégations d'agressions sexuelles sur de jeunes acteurs, et l'actrice vedette Reese Witherspoon déclarait avoir été abusée par un réalisateur lorsqu'elle n'avait que 16 ans.

Deux nouvelles femmes sont par ailleurs sorties de l'ombre pour accuser le réalisateur franco-polonais oscarisé Roman Polanski de les avoir agressées sexuellement au début des années 70 lorsqu'elles avaient respectivement 10 et 15 ans.