Pour Jeff Bridges, il est tristement ironique de parler de son rôle dans Only the Brave, sur le destin tragique d'une équipe de pompiers pendant un brasier historique, au moment où font rage les dévastateurs incendies du nord de la Californie.

Des drames, à l'écran et dans la réalité, qui ont un écho très personnel pour l'acteur oscarisé de 67 ans: «J'ai perdu ma maison de Malibu dans un incendie», raconte-t-il à l'AFP dans un entretien à Beverly Hills.

«Ma femme Sue a aussi dû évacuer de notre maison de Santa Barbara seule, par trois fois, pendant que je tournais des films. C'est un truc énorme, devoir tout sortir. Nous habitions près de toutes ces broussailles».

Le lauréat de l'Oscar du meilleur acteur 2010 pour Crazy Heart a également vu 160 hectares de son ranch du Montana partir en fumée il y a cinq ans, et il s'est lui-même retrouvé à tenter de sauver la propriété d'un ami, armé d'une simple pelle, dans un autre incendie une dizaine d'années plus tôt.

«Avec ce changement climatique, tout est de plus en plus sec. On va voir de plus en plus d'incendies, je pense, et dieu merci on a ces types dont la passion est de les combattre».

Only the Brave, qui sort vendredi aux États-Unis, raconte l'histoire vraie d'un groupe de soldats du feu envoyés un matin brûlant de juin 2013 lutter contre un gigantesque brasier en Arizona.

«Qui sont ces mecs?»

À la fin de la journée, 19 hommes sur les 20 que comptait l'unité de pompiers d'élite Granite Mountain Hotshots étaient morts.

C'est le pire bilan humain chez les pompiers américains depuis les attaques du 11 septembre 2001, et l'incendie le plus meurtrier aux États-Unis en plus de 20 ans.

Bridges, qui partage l'affiche avec Josh Brolin, Jennifer Connelly et Miles Teller, incarne dans ce drame le chef Duane Steinbrink, cowboy digne et pompier chevronné qui inspire l'admiration de ses troupes.

«Il y a un côté tragique dans cette histoire, mais ce qui compte c'est vraiment de savoir qui sont ces mecs qui risquent leur vie comme ça, et comment ils sont devenus ce qu'ils sont?».

Bridges, l'une des stars les plus reconnaissables d'Hollywood, appartient à une dynastie d'acteurs qui comprend ses parents Dorothy et Lloyd ainsi que son frère Beau.

Il a accumulé sept nominations aux Oscars depuis sa première apparition à l'écran dans le rôle d'un «bébé à la gare» dans The Company She Keeps (1950) de John Cromwell.

«The Dude»

Né le 4 décembre 1949, Bridges a vu sa carrière décoller grâce à son rôle dans le classique de Peter Bogdanovich, La dernière séance (1972), qui lui a valu sa première nomination aux Oscars.

Depuis, il a joué tous les rôles imaginables, du survivant d'un crash aérien dans État second au trainard attachant, alias «The Dude» dans la comédie culte des frères Coen The Big Lebowski (1998).

Bridges a d'ailleurs dit maintes fois qu'il serait partant pour reprendre ce rôle dans une éventuelle suite, mais les frères Coen ont toujours assuré qu'ils n'en tourneraient pas. «Si les frères m'invitent, je suis là», répète-t-il encore.

Ethan et Joel Coen ont toutefois annoncé en août avoir donné leur bénédiction à Going Places, un remake des Valseuses. Ce film, réalisé par John Turturro, fait un peu office de «spin-off» du Big Lebowski car il se focalise sur le personnage qu'y incarnait Turturro, le mythique roi du bowling à combinaison en acrylique Jesus Quintana.

Le «Dude» a largement contribué à l'image «cool» de Bridges, même si l'acteur a tendance à en créditer son père, avec qui il est apparu à l'écran dans Tucker (1988) et Blown Away (1994).

Selon Jeff Bridges, la «joie» que Lloyd amenait sur un plateau était «contagieuse»: «Cette joie amène de la relaxation, de la confiance», et elle «vous aide à travailler plus facilement. Je pense qu'on donne le meilleur de soi-même quand on est détendu».