Avec Spider-Man: Homecoming, l'un des superhéros les plus populaires fait son retour, plus proche que jamais de ses racines de la bande dessinée. Mais ce n'est pas pour cela que la sortie imminente du film prend une tournure d'événement historique à Hollywood.

La superproduction, qui a coûté 175 millions de dollars, s'est construite sur le rapprochement de deux mastodontes, Marvel et Sony: un rare exemple de coopération entre studios rivaux.

«C'était l'un de ces moments "Ça ne sera jamais possible mais on peut toujours en rêver" chez Marvel», s'est amusé Kevin Feige, président du studio, lors d'une présentation à la presse dimanche à New York.

En 1999, Marvel a vendu Spider-Man à Sony, le décrivant alors comme le «joyau de la couronne» de son empire de la B.D., pour une somme estimée à sept millions de dollars. Et ce à une période où les superhéros ne se transformaient pas nécessairement en jackpot une fois adaptés sur grand écran.

Depuis, l'homme-araignée est devenu la tête de gondole de Sony, décliné en cinq films qui lui ont rapporté la coquette somme de 4 milliards de dollars entre 2002 et 2014. Après Batman, il est même le personnage de dessin animé le plus lucratif.

Mais le dernier opus, The Amazing Spider-Man: le destin d'un héros (2014), avec Andrew Garfield dans le rôle-titre, a déçu la critique et été considéré comme un échec commercial.

Échange de bons procédés

Sentant le vent tourner, la présidente de l'époque chez Sony Pictures Entertainment, Amy Pascal, a donné son accord en 2015, après des mois de discussions, pour que Marvel produise une nouvelle fournée de Spider-Man.

Le premier de cette série doit sortir le 7 juillet sur les écrans américains, avec le Britannique Tom Holland, 21 ans, dans le rôle-titre. Ce sera également le premier Spider-Man de «l'univers Marvel» au cinéma, composé d'une quinzaine de films portant sur d'autres superhéros: Thor, Captain America, Hulk... La franchise a rapporté la somme faramineuse de 11,8 milliards de dollars depuis le premier film sorti en 2008, Iron Man.

Pour cette collaboration Sony-Marvel, selon le Los Angeles Times, Sony a versé une somme qui n'a pas été divulguée à son partenaire, mais conservera les profits tirés du long métrage, dans lequel il a obtenu le droit de faire apparaître un des personnages fétiches du public, Iron Man.

En retour, Sony permettra à Spider-Man de combattre aux côtés d'autres superhéros dans le prochain Avengers: Infinity War (2018) de Marvel.

Amy Pascal, elle, a perdu son poste dans la foulée d'un scandale de piratage chez Sony, mais a négocié dans le cadre de son départ de pouvoir coproduire Spider-Man: Homecoming avec Kevin Feige.

«Cela a commencé par un déjeuner avec Kevin et je n'arrive pas à croire que nous en soyons là aujourd'hui. C'est assez génial», s'enthousiasme-t-elle.

De nouvelles histoires

Ce genre de collaboration n'est pas totalement inédit dans l'histoire des majors hollywoodiennes.

La Paramount et Warner Bros. ont ainsi travaillé main dans la main par le passé sur quelques films comme Interstellar (2014) ou Watchmen - Les Gardiens (2009). La même Paramount s'était également entendue avec Fox lorsque le budget de Titanic (1997) menaçait de faire couler la production. Mais ces ententes demeurent de rares exceptions.

La trame du nouveau Spider-Man prend la suite immédiate de Captain America: Civil War, dans lequel Peter Parker se découvre en super-héros lanceur de toile. Il revient chez sa tante May, sous l'oeil attentif de son nouveau mentor, Tony Stark (Robert Downey Jr) et la menace du Vautour (Michael Keaton), le nouveau méchant de l'histoire.

L'idée de Marvel a été d'imprégner le personnage de l'esprit de la bande dessinée originelle de Stan Lee et Steve Ditko.

Les critiques sont dithyrambiques et les attentes énormes autour de ce nouvel opus, dont les spécialistes estiment qu'il devrait atteindre la barre symbolique des 100 millions de dollars de recette pour sa sortie.

La collaboration a offert l'opportunité, explique le réalisateur Jon Watts, «de placer enfin Spider-Man là où il est logique qu'il soit, dans l'univers Marvel», ce qui «ouvre la porte à de nombreuses nouvelles sortes d'histoires».