Si les émoticônes étaient vivantes, leur travail ne serait pas simple : se montrer à n'importe quelle heure sur l'écran le visage réjoui ou en pleurs, sous forme de mini pizzas ou de glace. Contexte pourtant indispensable à nos vies numériques, elles font l'objet d'un film.

Difficile aujourd'hui d'imaginer un texto sans une émoticône qui transmet nos émotions : heureux, triste, ennuyé, frustré, ironique. Le musée d'art moderne de New York (MoMA) l'an dernier les a même ajoutées à ses collections.

Le réalisateur Tony Leondis n'a pas pu résister à la tentation : il a imaginé un monde pour ces figurines, The Emoji Movie, qui va sortir aux États-Unis en juillet, et en octobre en France.

« Je veux connaître l'histoire du téléphone » où habitent les émoticônes, explique-t-il à une table ronde avec l'AFP.

La ville de « Textopolis » est née, au fond du téléphone intelligent d'un jeune de 15 ans, Alex. Tous les habitants ne vivent que de la fabrication des émoticônes.

Imaginez une vaste salle de contrôle, ses murs couverts de minuscules cabines, pour chacune des petites figurines qui attendent que Alex les utilise dans ses textos.

Circulent dans les applis

Dans le monde de Leondis, l'industrie des émoticônes fonctionne 24 h/24 par équipe, chaque figurine prête à bondir à l'écran au moment opportun.

La tâche est fastidieuse et n'autorise aucun changement : une émoticône au visage heureux doit toujours être heureuse, la même chose pour les visages tristes.

Mais si l'émoticône présente plus d'une personnalité, c'est considéré comme un échec du système.

Gene, émoticône qui incarne plusieurs expressions et emprunte la voix de l'acteur T.J. Miller, essaie de devenir « normale » avec l'aide de son ami « Hi-5 » - la main des « give me five », qui emprunte la voix de James Corden - et du pirate informatique Jailbreaker (Ilana Glazer).

Les protagonistes circulent à travers le nuage informatique et dans différentes applications du téléphone intelligent, comme Instagram, Spotify et même Candy Crush, où Gene est confondu à un moment avec un bonbon jaune.

Mais Gene, comme son père et sa mère, est supposé transmettre la tradition familiale de l'émoticône de l'indifférence nommée « Meh ».

Si bien qu'il « se sent non seulement hors du coup mais a l'impression d'échouer », explique M. Miller.

Le réalisateur explique que son plus grand défi a été d'imaginer la forme du téléphone intelligent et des émoticônes originales qui ne ressemblent pas à des marques déposées.

Chaque illustration a d'ailleurs été passée au peigne fin par une équipe de juristes.

Dans ce film, les émoticônes ne boivent ni ne mangent. « Ils ne vont pas manger de la pizza. C'est du cannibalisme », explique M. Miller.

Le film de Leondis, qui a aussi réalisé Lilo & Stitch 2 : Stitch Has a Glitch est une potentielle superproduction, selon Exhibitor Relations, qui prévoit qu'il puisse générer entre 350 et 400 millions de dollars quand il sortira en salles.