Roman Polanski pourra-t-il revenir aux États-Unis sans être arrêté pour l'agression sexuelle d'une mineure datant de 40 ans? Un juge californien s'est refusé à prendre une décision immédiate lundi, mais y réfléchit.

Le juge Scott Gordon du tribunal supérieur de Los Angeles a précisé devant la Cour qu'il allait émettre une décision écrite, sans dire quand. Les médias locaux affirment qu'il a 90 jours pour le faire.

Le cinéaste culte, lauréat d'un Oscar et d'une Palme d'Or pour Le pianiste (2002), est accusé d'avoir drogué une adolescente de 13 ans avant de la violer dans la maison de Jack Nicholson en 1977.

Il a admis une relation sexuelle avec l'adolescente après que les autres chefs d'accusation plus graves eurent été abandonnés, et a passé 42 jours en détention avant d'être relâché sous caution.

En 1978, convaincu qu'un juge allait revenir sur un accord amiable passé avec les procureurs et allait le renvoyer derrière les barreaux, le Franco-Polonais a fui en France et n'est jamais revenu aux États-Unis.

Son avocat Harland Braun a dit au tribunal de Los Angeles que le réalisateur de 83 ans a déjà «purgé sa peine» et voudrait revenir aux États-Unis pour mettre fin à l'affaire.

M. Braun répète à l'envi que le cinéaste a également passé deux mois en prison en Suisse, puis huit mois assigné à résidence dans son chalet à Gstaad à la suite de son arrestation à Zurich en 2009, sur la base d'un mandat international lancé par la Justice américaine.

L'avocat a demandé à ce que les procureurs indiquent le temps que Polanski devrait passer en détention s'il revenait aux États-Unis - et s'ils entendent requérir une telle peine.

Il a aussi demandé au juge d'ordonner qu'un mandat d'arrestation le visant soit levé.

Mais le bureau de la procureure de Los Angeles s'est opposé à un tel «aperçu préalable».

«Les gens ne pensent tout simplement pas qu'il est dans le meilleur intérêt de la justice de donner à une célébrité fortunée un traitement différent de celui de tout autre fugitif», a justifié la procureure adjointe Michele Hanisee.

«Il a perdu son droit de présenter des demandes au tribunal lorsqu'il a fui», a-t-elle ajouté.

Les avocats américains de M. Polanski veulent aussi faire reconnaître une décision de la Cour suprême polonaise, qui a mis fin en décembre à la demande d'extradition du cinéaste vers les États-Unis.

Le juge Michal Laskowski avait alors remarqué que Polanski avait «déjà purgé sa peine», que la victime lui avait publiquement pardonné et ce dernier lui a versé le dédommagement qu'elle réclamait.