Le cinéaste mexicain multioscarisé Alejandro G. Iñárritu est en contact avec les autorités italiennes pour exposer au public l'épave du naufrage le plus tragique des dernières décennies en Méditerranée, annonce mercredi le quotidien italien La Repubblica.

Parti de Libye le 18 avril 2015 avec plus de 800 migrants entassés à bord, ce petit chalutier bleu de moins de 30 mètres a chaviré la nuit suivante, ne laissant que 28 survivants. Récupérée à grands frais par la marine italienne et vidée avec soin de sa macabre cargaison, l'épave est désormais entreposée en Sicile.

Iñárritu, entré dans la légende de Hollywood après avoir remporté les deux derniers Oscars du meilleur réalisateur avec Birdman (2014) et The Revenant (2015) veut la porter jusqu'à Milan pour l'exposer devant son emblématique cathédrale gothique.

L'idée serait que tout soit prêt avant la visite du pape François, grand défenseur des droits et de l'accueil des migrants, dans la capitale lombarde le 25 mars.

Selon La Repubblica, Iñárritu envisage de faire ensuite voyager l'installation à travers le monde.

Lors du renflouement de l'épave, décidé par le chef du gouvernement italien de l'époque Matteo Renzi pour offrir une sépulture digne aux victimes, la marine avait annoncé qu'elle serait ensuite détruite. Mais M. Renzi a depuis menacé de la faire transporter à Bruxelles pour dénoncer l'absence de solidarité européenne.

De nombreuses installations artistiques ont déjà mis en scène des barques de migrants récupérées sur l'île italienne de Lampedusa, mais il s'agissait alors d'embarcations arrivées, pas d'une épave ayant été le tombeau de centaines de personnes.

Entre les corps retrouvés la nuit du drame, ceux récupérés par la marine autour de l'épave et les sacs mortuaires remplis par les pompiers dans l'épave, le décompte dépasse 700 victimes, mais selon les médecins-légistes, les sacs contiennent souvent les restes de plusieurs personnes et le total devrait atteindre 800 à 900 morts.

Mardi, le tribunal de Catane (Sicile) a condamné le capitaine du chalutier à 18 ans de prison et son second à 5 ans de prison. Tous deux, désignés par les autres survivants, assurent pourtant n'avoir été que des migrants parmi les autres.