La ministre française de la Culture Fleur Pellerin rencontre cette semaine les patrons des studios d'Hollywood pour tenter de les convaincre de tourner en France leurs grosses productions, grâce à la hausse du crédit d'impôt sur les films étrangers.

Entre les États-Unis, le Canada, la Belgique, le Luxembourg, l'Europe de l'Est et la France et d'autres, la bataille fait rage pour attirer les très lucratifs films à gros budget.

«Les enjeux financiers sont considérables car il y a un impact direct et indirect. Nous considérons que l'effet de levier est de un à trois. Pour un euro dépensé sur un tournage, il y a trois euros de cotisations sociales, TVA, etc. Mais au-delà, montrer des images tournées en France va donner envie à des gens de venir voir ces paysages, et ça a un impact sur l'économie locale», a expliqué Mme Pellerin à l'AFP lors d'un entretien.

La ministre vient d'annoncer que la France relevait de 20 à 30% le crédit d'impôt cinéma international et il est désormais accessible pour les grosses productions, et non plus seulement pour les budgets de 4 millions de dollars maximum.

«On avait des crédits d'impôts intéressants pour des productions moyennes, je voudrais maintenant pouvoir attirer des tournages avec des budgets de 80/100 millions de dollars. Je viens de rencontrer (le studio) Lionsgate qui m'a dit que le rehaussement du crédit d'impôt était très intéressant», assure la ministre.

«Aujourd'hui on est extrêmement compétitifs. On est au-dessus de Londres qui est à 25% (de crédit d'impôt), même si le niveau des dépenses éligibles n'est pas tout à fait le même, et on est plus compétitifs que la Belgique, que le Luxembourg...», énumère-t-elle.

Certains pays de l'Est comme la Hongrie font mieux en ne posant aucun plafond de crédit d'impôt. Celui de la France est à 30 millions d'euros.

Paris espère ainsi enrayer un paradoxe inquiétant: si la production de longs métrages français a atteint un record l'an dernier (189), elle s'est aussi accompagnée d'un exode de 36% des tournages, particulièrement des grosses productions.

«Le crédit d'impôt est entré en vigueur le 1er janvier et l'effet se fait déjà sentir. Certains réalisateurs devaient tourner à l'étranger et vont le faire en France», affirme la ministre sans dire lesquels.

Chez les studios américains, il y a des «décisions de tournages qui vont se prendre et qui pourraient maintenant se faire en France», poursuit-elle.

Cette année le réalisateur vedette Christopher Nolan (The Dark Knight, Interstellar, etc.) doit filmer son épopée sur la Seconde Guerre mondiale Dunkirk en partie dans le nord de la France. D'après le magazine Variety, Neil Jordan va tourner la série criminelle Riviera sur la Côte d'Azur.

Quant à Luc Besson, qui menaçait de tourner sa prochaine superproduction Valerian à l'étranger, il a depuis fait marche arrière.