Le film est américain. Le réalisateur est québécois. L'acteur principal est d'origine espagnole et son partenaire de jeu est anglais. Et le plateau de tournage est situé à Sofia, capitale de la Bulgarie!

Depuis trois mois, l'univers du cinéaste Alain Desrochers (Nitro, Gerry) a une couleur on ne peut plus internationale. Et son plaisir est... intégral.

Joint hier matin à Sofia alors qu'il était en pause, Desrochers ne tarissait pas d'éloges et d'épithètes pour communiquer son bonheur à tourner son premier film américain en carrière.

Intitulée Security, l'oeuvre en devenir est un film d'action avec beaucoup d'émotion. «Et ça me plaît beaucoup. C'est un mélange que j'aime, lance le cinéaste. Je viens juste de terminer le tournage d'une scène avec Sir Ben Kingsley et il est très impressionnant. Il est arrivé très préparé pour son rôle.»

Sous la gouverne de l'entreprise Millenium Productions, Security raconte l'histoire d'Eddie, un ancien militaire désoeuvré (Antonio Banderas) qui trouve un emploi de gardien dans un centre commercial défraîchi d'une banlieue américaine. Une nuit, vers la fin de l'automne, Eddie découvre une fille cachée près de l'une des portes de l'édifice. Témoin d'un assassinat politique, celle-ci tente de fuir un groupe de mercenaires, menés par le très méchant Charley (Kingsley), qui ont commis le crime et veulent la rattraper pour l'éliminer. Avec l'aide de quelques clients, Eddie verra à la protéger.

«Il y a une espèce de relation père-fille qui s'établit entre le gardien et la fillette, dit Desrochers. À la fin du film, l'homme va vivre une rédemption personnelle.»

Doté d'un budget de 15 millions, le film met aussi en vedette Gabriella Wright, Chad Lindberg, Cung Le et Bashar Rahal.

Alain Desrochers tentait depuis plusieurs années déjà de percer le marché américain. Lui qui a déjà tourné une série télévisée en France aimerait bien y faire aussi un long métrage.

«Le but, c'est tout simplement de rejoindre le plus de gens possible, dit-il. Les films québécois n'ont pas autant de rayonnement. Mais ça ne veut pas dire que je ne veux plus faire de films québécois. Bien au contraire. Au printemps, je vais tourner Bon Cop, Bad Cop 2. Ensuite, je pense faire un film intimiste. Ces deux projets sont avec Item 7.»

L'été dernier, Alain Desrochers a tourné Nitro Rush, suite du film d'action original avec Guillaume Lemay-Thivierge. Alors qu'il était en préproduction de Security à Sofia, il consacrait quelques heures chaque soir au montage de Nitro Rush. «Le film est pratiquement terminé», assure-t-il.

Faibles coûts

Le choix de la capitale bulgare pour le tournage s'explique par le faible coût de la vie pour une entreprise nord-américaine. Cela a entre autres permis de construire d'immenses décors. «Ils m'ont construit une façade de centre commercial au complet», s'enthousiasme Alain Desrochers au bout du fil.

Il ajoute que l'endroit est joli et calme. «Sofia est une magnifique petite ville, très pacifique et où on ne ressent pas toutes les tensions qui marquent en ce moment l'Europe», dit le cinéaste, qui est accompagné d'un autre Québécois, Éric Parenteau, assistant à la réalisation.

Ironiquement, il y a quelques jours, le cinéaste Philippe Falardeau et le directeur photo Ronald Plante ont débarqué à Sofia pour compléter le tournage du film The Bleeder avec Liev Schreiber qui porte sur l'histoire de Chuck Wepner, un boxeur qui a tenu tête à Muhammad Ali dans un combat de 15 rounds et qui a inspiré le personnage de Rocky Balboa. Le plateau de ce film était campé depuis plusieurs semaines à Tarrytown, dans l'État de New York, avant de déménager à Sofia pour le tournage de la scène du combat de boxe.

Les deux réalisateurs se sont vus il y a deux jours, au grand bonheur d'Alain Desrochers. Ce dernier a néanmoins très hâte de revenir à Montréal auprès des siens après trois mois d'absence. Le tournage de Security, qui aura duré 45 jours, se termine le 23 décembre.