La réussite mondiale du Petit Prince, devenu le film d'animation français ayant fait le plus d'entrées à l'étranger, représente un nouveau succès pour cette filière française au savoir-faire reconnu, qui se tourne de plus en plus vers l'international.

Le Petit Prince de Mark Osborne, production majoritairement française a atteint les 12,5 millions d'entrées à l'étranger, battant le précédent record détenu par Arthur et les Minimoys de Luc Besson (10,3 millions de spectateurs), a annoncé jeudi Unifrance, l'organisme chargé de promouvoir le cinéma français à l'étranger.

Adaptation du célèbre conte de Saint-Exupéry, Le Petit Prince, qui doit encore sortir aux États-Unis, en Allemagne, en Italie ou au Royaume-Uni, a déjà réalisé près de 5 millions d'entrées en Chine, 2 millions au Brésil, 2 millions au Mexique, et de «très beaux résultats en Pologne ou en Colombie», a détaillé Unifrance, qui fait des statistiques dans ce domaine depuis 20 ans.

Quelque 250 personnes ont travaillé sur ce film qui a coûté 57 millions d'euros, un budget considérable pour un film d'animation européen. Il a été réalisé par l'Américain Mark Osborne (Kung Fu Panda), mais produit par des Français -Dimitri Rassam, Aton Soumache et Alexis Vonarb pour On Entertainment-, en faisant largement appel à un financement international, avec «l'objectif de faire aussi bien que Dreamworks ou Pixar».

Sa réussite prouve que «l'animation française vit un très bel âge d'or», selon Unifrance.

«C'est symbolique du fait qu'on a parmi les meilleurs talents d'animation au monde», indique sa directrice générale, Isabelle Giordano. «Je pense qu'on peut sans rougir se dire aujourd'hui que l'on est au même niveau que les grands studios hollywoodiens».

«Incontestablement, cela montre le savoir-faire de l'industrie française et sa capacité à être concurrentielle sur le marché mondial», renchérit Stéphane Le Bars, délégué général du Syndicat des producteurs de films d'animation (SPFA), pour qui cependant «on n'aura jamais les budgets des Dreamworks ou des Pixar».

«Nouvelle étape

La force des Français sur le marché mondial de l'animation avait déjà été mise en avant par les performances de Despicable Me (2010) puis de Despicable Me 2 (2013), annoncé par Universal comme son film le plus rentable de tous les temps.

Produits par des Américains, ces films avaient été réalisés à Paris par le studio français Mac Guff puis, pour le second, par Illumination Mac Guff, né en 2011 du rachat de la branche animation de Mac Guff par Illumination Entertainment (filiale d'Universal).

Illumination Mac Guff a été également aux commandes des Minions, plus gros succès au box-office français cette année, avec 6,4 millions d'entrées (contre 1,8 million pour Le Petit Prince), coréalisé par le Français Pierre Coffin.

«Cela fait quand même dix ans qu'on voit à quel point l'animation française réussit. Chez Dreamworks ou Pixar, on dit souvent que la première langue parlée dans les studios américains, c'est le français. Puis il y a eu Illumination Mac Guff qui a sorti Despicable Me», explique Aton Soumache, producteur du Petit Prince.

Pour lui, ce succès s'explique par «une tradition de l'image, une culture de la BD, mais surtout une tradition d'écoles incroyables et une politique publique très forte pour aider la filière animation», initiée dans les années 1980.

«Avec Le Petit Prince, je pense qu'on passe à une nouvelle étape. On a voulu ouvrir une voie, montrer qu'on pouvait faire des +blockbusters+ français», souligne-t-il.

Après Le Petit Prince, On Entertainment continue sur sa lancée avec Playmobil le film, financé aussi grâce à des coproducteurs étrangers pour un budget équivalent de 60 millions d'euros, qui devrait sortir en 2018.

D'autres projets d'envergure internationale initiés par des Français devraient suivre. Parmi eux, Ballerina, film au budget de 28 millions d'euros sur l'histoire d'une jeune danseuse, produit par la société Quad (Intouchables), doit sortir en 2016.