Le tout premier festival Éléphant ClassiQ, consacré aux versions restaurées du patrimoine mondial du septième art, portera sur le cinéma francophone.

Du 19 au 22 novembre, 19 longs métrages issus de la francophonie seront présentés dans les salles du Cinéma Impérial, à la Cinémathèque québécoise et à la salle Pierre-Bourgault du pavillon Judith-Jasmin de l'UQAM, a-t-on annoncé jeudi en conférence de presse.

Les oeuvres Le grand bleu de Luc Besson, Entre la mer et l'eau douce de Michel Brault, Les parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda, Le Pacha de Georges Lautner et Alphaville de Jean-Luc Godard font partie de la sélection.

Trois oeuvres récemment restaurées et numérisées seront présentées en première mondiale durant le festival: Entre la mer et l'eau douce, Clandestins, de Denis Chouinard et Nicolas Wadimoff, et Le banquet des fraudeurs, du Belge Henri Storck.

Tel qu'annoncé précédemment, c'est la comédie historique La folie des grandeurs, oeuvre de Gérard Oury mettant en vedette Louis de Funès et Yves Montand, qui sera présentée en ouverture de l'événement. Marius, film d'Alexander Korda d'après un scénario de Marcel Pagnol, clôturera l'événement.

Les organisateurs ont aussi voulu faire la part belle au cinéma des femmes. Pour cela, ils ont entre autres sélectionné 11 courts métrages signés par Alice Guy. D'abord secrétaire de direction à la maison Gaumont, Mme Guy est reconnue comme la première femme réalisatrice et productrice au monde.

Outre une programmation très solide, le festival comptera une série d'événements spéciaux: un hommage à la société Gaumont, qui célèbre ses 120 ans, une exposition d'affiches, une rencontre sur les femmes de cinéma, etc. Une rencontre sur la restauration des oeuvres se fera en présence de Nicolas Seydoux, président de Gaumont, Alain Juppé, maire de Bordeaux et initiateur d'un vaste programme de restauration alors qu'il était premier ministre de France, et Pierre Karl Péladeau.

On aura compris que ce festival a lieu sous la gouverne d'Éléphant: mémoire du cinéma québécois, organisme entièrement financé par Québecor et que codirigent Claude Fournier et Marie-Josée Raymond. Ils sont également à la barre d'Éléphant ClassiQ en compagnie de Gérald Duchaussoy à la programmation. Le cinéaste Maxime Giroux, dont la plus récente oeuvre, Félix et Meira, représente le Canada aux Oscars, a accepté d'être le porte-parole de cette première édition.

«Comme j'ai travaillé à la Cinémathèque, mon éducation cinématographique s'est beaucoup faite à travers les films du patrimoine, dit ce dernier en entrevue avec La Presse. Faire partie de cette première édition me semble donc très naturel.»

De son côté, Claude Fournier rappelle que le festival se finance entièrement par le truchement des activités philanthropiques de Québecor. Il confie aussi vers quoi s'orienteront les versions futures du festival.

«Nous savons que l'an prochain, le festival portera sur le cinéma italien, dit-il. Il y a déjà des films sélectionnés, dont Rocco et ses frères, et des événements spéciaux prévus, dont une classe de maître sur Fellini.»

«Après cela, il y aura une édition consacrée au cinéma américain en fonction d'une thématique particulière. Je ne peux pas en parler encore, car le sujet sera extraordinaire!», dit Claude Fournier.

Pour l'édition de 2015, M. Fournier se dit très fier de la présentation d'Entre la mer et l'eau douce. «C'est le premier long métrage de Michel Brault avec Geneviève Bujold. Elle sera là pour l'occasion, tout comme Denys Arcand [coscénariste] et Claude Gauthier. À l'époque, le film avait été assez mal accueilli par la critique. C'est sûr que ce film comporte quelques naïvetés, mais il tient bien sa place et est très joli. Je suis très heureux de pouvoir le montrer.»

M. Fournier nous a aussi confié que le festival comptera une présentation très spéciale, celle du film La guerre est finie d'Alain Resnais dans lequel Geneviève Bujold a obtenu son premier rôle à l'international.