Les comédiennes Sarah-Jeanne Labrosse et Mylène St-Sauveur sont à Paris pour le tournage d'Un jour mon prince..., une coproduction franco-canadienne, où elles incarnent toutes deux les rôles cruciaux de fées québécoises envoyées en mission dans la métropole française, «ville de l'amour», en quête d'un prince pour la Belle au bois dormant. La Presse les a rencontrées entre deux prises.

Il fait maintenant noir sur Paris, donc le tournage avec les dromadaires peut commencer. Sarah-Jeanne Labrosse brave le froid malgré sa tenue légère de fée en goguette dans la Ville Lumière. Elle s'approche des bêtes une fois, deux fois, trois fois en faisant toujours la même scène, le même numéro, de plus en plus folle, de plus en plus drôle. Et alors qu'elle ne s'y attend pas du tout, le dromadaire fait un geste de la tête comme s'il voulait la croquer!

L'actrice part en courant et en criant. Tout le monde rit, en commençant par la collègue de Labrosse, sa grande amie Mylène St-Sauveur, elle aussi personnage crucial du film, debout un peu plus loin.

On est au milieu de la nuit, on gèle, mais sur la passerelle piétonne au-dessus de la Seine et au pied de la tour Eiffel, qui sert de plateau au film Un jour mon prince..., l'atmosphère est joyeuse et les deux jeunes femmes propagent la bonne humeur.

«Elles sont géniales! Elles sont généreuses, elles n'ont pas peur du ridicule, elles sont formidables», souligne Flavia Coste, réalisatrice de ce long métrage coproduit par Christal Films, au sujet des deux actrices québécoises. «Tellement trop d'actrices françaises ont peur de faire ça...»

Elles ont été embauchées pour incarner des fées, la blonde, la brune, la sage, la fofolle, deux rôles principaux de cette comédie fantastique brodant sur le thème de La Belle au bois dormant, qui prendra l'affiche en 2016.

«Un film de filles, en France, à Paris, pendant presque tout l'été? Je ne vois pas ce que je pourrais dire de négatif», explique Sarah-Jeanne Labrosse, pendant un tournage sur le pont de Bir-Hakeim, où tous les nouveaux mariés viennent se faire photographier. Elle a le ton de celle qui se pince encore d'avoir eu tant de chance.

«Moi, je ne veux pas plus partir, ajoute Mylène St-Sauveur. C'est drôle qu'on soit ici pour faire un film de fées. Tout est magique!»

Avant d'arriver à Paris, les deux actrices ont passé plusieurs semaines dans un château en Charente et à Angoulême où autant le producteur Antoine de Clermont-Tonnerre que la réalisatrice ont vu les deux jeunes femmes travailler.

Cette semaine à Paris, ils ne cessaient de louanger leurs deux actrices. «Elles sont inventives et toujours de bonne humeur, laisse entendre Coste. Et elles sont très professionnelles et crèvent l'écran.»

Selon Coste, Labrosse a un potentiel comique qui mérite d'être bien plus exploré. «Et elles sont très complémentaires. J'adore les duos de femmes.»

La bulle parisienne

Hyper occupées à Montréal, où elles tournent cette année dans plusieurs séries télé, notamment à VRAK pour Labrosse et dans Les jeunes loups pour St-Sauveur, les comédiennes ont apprécié ne travailler que sur un seul projet pendant un moment. «On est comme dans une bulle pour ne faire qu'une chose, c'est rare», dit St-Sauveur. Même pas besoin de gérer leur quotidien.

Veulent-elles revenir en Europe pour tourner? Rêvent-elles d'une carrière en France? «Je me vois bien jouer la fille de Monica Bellucci», affirme St-Sauveur en riant. «Moi, c'est avec Vincent Cassel que j'aimerais jouer, ajoute Labrosse. Ou Marion Cotillard.»

Sur papier, le travail au cinéma n'est pas organisé exactement comme au Québec, expliquent les actrices. Les journées commencent plus tard. Il y a moins de pauses. «Au début, on avait faim pour des collations!»

Mais «physiquement et mentalement, ça revient à la même quantité de travail», dit Labrosse. «En fait, on est choyées.»

Les deux comédiennes travaillent beaucoup et disent apprécier énormément cette chance qu'elles ont. «On en profite», dit St-Sauveur.

Seraient-elles prêtes à en faire moins à Montréal pour venir développer des projets français ou autres en Europe? Elles ne se sont pas encore posé la question. Espèrent-elles que le film Un jour mon prince... leur ouvrira des portes?

«Pour le moment, répond Labrosse, je me dis qu'on est privilégiées. Tout ce qui est arrivé cet été, j'en ai profité au max.» Si des propositions de beaux rôles européens arrivent à ses oreilles, elle sera ravie. «Je ferais tout pour un beau rôle, dit-elle. Mais je tourne quatre séries en même temps.» Il faudrait donc faire des compromis.

St-Sauveur, elle, affirme haut et fort qu'elle aimerait avoir une carrière internationale. «Eh oui, je m'installerais à Paris s'il le fallait.» Mais elle insiste: une telle carrière française demande énormément de travail de développement. «On peut rêver, mais on ne peut pas sauter d'étapes.»