Au Comic Con de San Diego, plus grand salon de bande dessinée et science-fiction des États-Unis, les femmes sont largement présentes dans le public, mais encore peu représentées dans les films de superhéros qu'elles sont venues célébrer.

Dans les allées du centre de convention de San Diego, où le Comic Con s'est ouvert jeudi pour quatre jours, on croise des femmes - presque autant que d'hommes - de tous âges, venues de tout le pays, en famille ou entre amis.

«Les choses ont changé depuis les années 40, les femmes forment maintenant une part plus importante des BD et de l'univers du fantastique», constate Jonathan Kuntz, professeur à la UCLA School of Theater, Film and Television.

Beaucoup sont déguisées en leurs personnages favoris, à l'instar de trois jeunes filles costumées en Joie, Tristesse et Dégoût, les émotions au centre de Vice Versa, le dernier dessin animé de Disney/Pixar.

Amanda Reynoso, en combinaison, longs cheveux bruns et au visage grimé en vert, a choisi Gamora, personnage de tueuse joué par Zoe Saldana dans Les gardiens de la galaxie, un film de Disney/Marvel qui a cartonné l'an dernier.

«J'aime les personnages forts. Gamora ou la Veuve noire», jouée par Scarlett Johansson dans «Avengers», «n'ont besoin de personne», explique cette femme au foyer de 29 ans, qui dit avoir appris à lire avec les BD.

Rachel Kainowski, professeure d'anglais déguisée en Princesse Leia, juge à l'inverse que les choses avancent trop lentement et que la représentation des superhéroïnes est encore trop sexuée: «Elles ont les jambes à l'air ou les seins en avant pendant que les hommes ont des armures».

Le studio Marvel, filiale de Disney, a indiqué qu'il comptait lancer le personnage de «La Guêpe», partenaire de l'homme-fourmi, dans un prochain film. Evangeline Lilly, à l'affiche d'Ant-Man, devrait en être l'interprète.

Wonder Woman, personnage mythique de DC Comics et d'une série télévisée culte des années 70, doit faire l'objet d'un film en 2017, interprété par l'Israélienne Gal Gadot.

Captain Marvel avec dans le rôle-titre une femme doit aussi arriver sur les écrans en 2018.

Supergirl, une série télévisée dont le premier épisode a été dévoilé en avant-première mercredi à San Diego à la veille de l'ouverture officielle du Comic Con, sera diffusée à partir du mois d'octobre sur la chaîne CBS.

Phase de transition

Mais dans l'ensemble, les studios avancent timidement.

Malgré le succès de Scarlett Johansson dans le rôle de la Veuve Noire, les rumeurs selon lesquelles elle aurait bientôt un film à son nom sont pour l'instant restées lettre morte.

Les emails piratés de Sony et publiés dans la presse montrent aussi que les héroïnes féminines sont toujours considérées comme risquées par les studios.

Dans un échange avec Michael Lynton, le patron de Sony Pictures Entertainment, le directeur général de Marvel Ike Perlmutter rappelle notamment que Catwoman, «l'un des personnages les plus importants de l'univers Batman, fut un désastre» lorsqu'il fut adapté à l'écran en 2004 avec Halle Berry. Le personnage avait aussi été joué par Michelle Pfeiffer dans Batman, le défi en 1992.

Amanda Reynoso veut toutefois croire au changement: «Même les rôles secondaires tenus par les femmes à présent sont déjà plus nombreux» et valorisants «que dans les années 80».

Pour elle, les studios comme Marvel «prennent leur temps pour faire les choses bien».

Côté films d'action et science-fiction, les héroïnes font une percée plus notable. Charlize Theron a connu un grand succès au box-office et auprès des critiques dans le rôle de Furiosa, personnage phare de Mad Max: Fury Road.

Le prochain Star Wars, Épisode VII: Le réveil de la force, qui sortira en décembre, affiche aussi un personnage féminin combattif, Rey, au centre de l'intrigue.

Hunger Games, dont l'équipe est présente au Comic Con jeudi pour présenter le prochain opus de la série (La révolte, partie 2), ou encore Divergente, sont aussi de gros succès au box-office mondial avec des femmes en têtes d'affiche (Jennifer Lawrence et Shailene Woodley respectivement).

«Nous sommes dans une phase de transition», conclut Robert Thompson, professeur de culture populaire à l'université de Syracuse.