Le réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch s'est dit mardi «choqué» et «surpris» par l'interdiction de son dernier film au Maroc, dans le sillage de sa projection au Festival de Cannes, évoquant une «mise en danger de la liberté d'expression».

Much Loved, qui n'est pas encore sorti en salle, traite du problème de la prostitution au Maroc à travers le portrait de plusieurs femmes. La publication d'extraits ces derniers jours a entraîné de vives réactions dans le royaume à l'encontre de M. Ayouch et de l'actrice principale, Loubna Abidar.

Lundi soir, le ministère de la Communication a annoncé que sa projection serait interdite, affirmant que le film comportait «un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine», ainsi qu'une «atteinte flagrante à l'image du royaume».

«Je ne comprends pas qu'on puisse interdire mon film alors même que nous n'avions pas encore demandé de visa de sortie», a réagi mardi auprès de l'AFP Nabil Ayouch. «C'est la liberté d'expression de tous les artistes marocains qui est mise en danger par cet acte de censure par anticipation», a-t-il ajouté.

«La société marocaine est encore très conservatrice» et «le langage cru (du film) ne serait pas passé au niveau de la commission de visionnage», a avancé au Huffpost Maroc Sarim Fassi-Fihri, le directeur du Centre cinématographique marocain (CCM), l'instance chargée de délivrer les visas d'exploitation.

«Au mieux, des scènes auraient été coupées. Au pire, il aurait été refusé», a-t-il jugé.

Nabil Ayouch, notamment connu pour Les chevaux de Dieu (2012), qui retrace les parcours des 12 kamikazes des attentats de Casablanca du 16 mai 2003, a défendu à plusieurs reprises sa démarche artistique.

«La prostitution est autour de nous et au lieu de refuser de la voir, il faut essayer de comprendre comment des femmes qui ont eu un parcours difficile ont pu en arriver là», a-t-il récemment expliqué.