Des cinéastes européens ont lancé jeudi à Rome un appel pour favoriser la diffusion de leurs oeuvres dans toute l'Europe, en taxant par exemple les acteurs d'internet, désormais protagonistes majeurs de l'industrie du cinéma.

«Il n'est pas normal que toutes les cinématographies d'Europe peinent à être accessibles pour tous les publics», écrivent ces 26 cinéastes, dont le Français Michel Hazanavicius, les Belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, le Britannique Ken Loach, les Italiens Ettore Scola et Paolo Sorrentino ou encore l'Allemand Wim Wenders.

Ces cinéastes estiment qu'il est urgent de prendre des mesures «afin que l'Europe soit irriguée de tout son cinéma».

«Je pense qu'aujourd'hui la voix des cinéastes européens est aussi importante que la voix des hommes politiques», a jugé de son côté Isabelle Giordano, qui préside Unifrance, l'oganisme public de promotion du cinéma français à l'étranger.

«L'espoir d'une plateforme de diffusion du cinéma indépendant européen doit être un objectif crédible», écrivent ces cinéastes dans ce texte, rendu public jeudi à l'ambassade de France à Rome, à l'occasion d'une table ronde organisée en marge du festival du Nouveau cinéma français de Rome.

Ces cinéastes européens, de tous horizons, prônent par exemple une meilleure protection des salles de cinéma existantes et des mesures pour en créer de nouvelles. Aux chaînes de télévision publiques, ces cinéastes réclament l'élaboration d'une charte de meilleure diffusion des oeuvres en travaillant sur les échanges ou à des programmations mutuelles ou réciproques.

Ces cinéastes estiment également qu'il est urgent de favoriser l'émergence d'acteurs européens capables de concurrencer les géants mondiaux en matière de diffusion de films à la demande (VOD).

Il faut aussi, disent-ils, que la Commission européenne ait l'ambition d'«insérer les géants mondiaux du Net dans la fiscalité et l'économie de la création». Et qu'elle cesse aussi d'être méfiante vis-à-vis des créateurs, selon l'un d'entre eux. «Le droit d'auteur est présenté par la Commission européenne comme un frein, comme un obstacle», a ainsi déclaré M. Hazanavicius à la presse.

Pour y parvenir, la taxation de la bande passante, ou taxe sur le débit d'un réseau internet, telle qu'envisagée par la ministre française de la Culture, Fleur Pellerin, semble «une voie pertinente», selon ces cinéastes.

«Nous devons d'urgence imaginer une fiscalité culturelle pour les acteurs mondialisés de la diffusion», écrivent encore ces cinéastes.