Une pétition lancée par l'acteur américain George Clooney auprès de patrons de l'industrie américaine du cinéma pour soutenir Sony, victime d'un piratage informatique et de menaces, a fait chou blanc, a expliqué l'acteur, précisant que la «crainte» avait dominé.

«Nous regardions un groupe être totalement calomnié, et personne ne s'est levé», a déclaré l'acteur au site Deadline Hollywood, spécialisé dans les informations de l'industrie du divertissement.

Il a précisé avoir adressé sa pétition à un «très grand nombre de personnes. En gros, tous les patrons» de l'industrie du cinéma. «La vérité est que quand vous avez un ou deux (signataires), alors tout le monde monte à bord. (...) Là, personne n'a voulu être le premier à signer».

Un refus suscité par la «crainte», mais «ça pourrait arriver à n'importe quelle industrie», a-t-il poursuivi.

La pétition, citée en intégralité par M. Clooney, spécifiait qu'il ne s'agissait pas «seulement d'une attaque sur Sony. Elle concerne tous les studios, toutes les chaînes, toutes les industries et tous les habitants de ce pays».

«C'est la raison pour laquelle, nous soutenons la décision de Sony de ne pas céder aux demandes de ces pirates informatiques», soulignant que «céder à ces criminels ouvrirait la porte à n'importe quel autre groupe pour menacer notre liberté d'expression, nos libertés individuelles et notre vie privée», poursuivait-elle.

George Clooney a relevé que Sony avait annulé la sortie prévue le 25 décembre du film The Interview qui tue», comédie satirique sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jong-Un, «parce que les chaînes de cinéma ont décidé de ne pas le projeter».

Et de relever au passage que les concurrents de Sony «étaient probablement très heureux car ils ont la sortie de leurs propres films dans les mêmes cinémas pour Noël».

S'adressant à Sony: «Mettez-le sur internet. Faites tout ce qu'il faut pour que ce film soit diffusé», a plaidé l'acteur. «Nous ne pouvons pas nous laisser dire par Kim Jong-Un (...) que nous ne pouvons pas voir quelque chose». C'est «très dangereux».

«Nous n'avons pas besoin de censure dans cette industrie», a-t-il souligné, craignant que cette affaire n'incite les studios américains à une extrême frilosité à l'égard des films polémiques.

«En général, lorsque vous faites des films comme ça, des films critiques, vous n'allez pas voir les studios» pour le financement mais ils sont nécessaires pour la distribution, a-t-il relevé. «Nous allons avoir beaucoup plus de mal à trouver un distributeur maintenant. Ça donne froid dans le dos».

Selon lui, le problème est que ce genre de piratage est un «territoire inexploré et personne ne sait comment faire. (...) Personne n'y était préparé». «Tout le monde a fait son boulot mais, dans le processus, nous avons permis à la Corée du Nord de dicter le contenu, et c'est tout simplement dingue».