Les dirigeants de Sony Pictures ont promis lundi que le studio de cinéma et de télévision survivrait à l'attaque informatique massive dont il a fait l'objet fin novembre, alors même que les pirates ont proféré de nouvelles menaces pour Noël.

Lors de deux brèves réunions d'une vingtaine de minutes chacune au siège du studio à Culver City, dans l'ouest de Los Angeles, lundi après-midi, le directeur général de Sony Pictures Entertainment (SPE) Michael Lynton et la coprésidente Amy Pascal se sont exprimés à propos du piratage informatique du 24 novembre, l'un des plus vastes ayant jamais ciblé une entreprise de ce calibre.

D'après une source proche du dossier, ils ont été applaudis par les salariés du groupe.

Après la réunion, les employés sortant du siège se sont refusé à tout commentaire sur l'attaque comme sur les réunions.

M. Lynton a déploré une opération «criminelle» qui a ciblé des «victimes innocentes»: 47 000 personnes au total auraient été ciblées par l'attaque, dont des célébrités et les plus hauts dirigeants de SPE, leurs données personnelles y compris leurs adresses, emails, numéros de sécurité sociale ayant été dérobés.

Cette attaque «ne nous mettra pas à terre», a promis M. Lynton. «Il n'y a pas d'inquiétude à avoir sur l'avenir de ce studio», a-t-il repris, selon cette source.

Amy Pascal, dont des emails très embarrassants, notamment certains contenaient des propos racistes à propos du président américain Barack Obama, ont fuité lors de l'attaque, a affirmé que les employés étaient «la colonne vertébrale de ce groupe».

Traverser l'orage

«Vos efforts et votre persévérance nous permettront de traverser tout cela», a-t-elle ajouté, a encore rapporté cette source proche du dossier précisant que les dirigeants de Sony Pictures avaient été applaudis par les employés.

Sony se trouvait depuis l'attaque en mode de gestion de crise, notamment depuis la diffusion sur internet de courriels injurieux dérobés, l'un émanant d'un producteur qualifiant la star Angelina Jolie d'«enfant gâtée très peu talentueuse».

D'après le site internet de Variety, le magazine de référence du secteur du divertissement, Mme Pascal a pris les devants avant une éventuelle prochaine diffusion de courriels en envoyant un message à plusieurs célébrités et poids lourds de l'industrie cinématographique, notamment le célèbre producteur Harvey Weinstein, pour s'excuser par avance de tout propos injurieux qu'elle aurait pu tenir à leur égard dans sa correspondance.

Les conséquences financières du piratage informatique de SPE restent à évaluer. Cinq films distribués par le studio ont été mis en ligne, dont certains pas encore sortis comme Annie et Still Alice, ou encore une version non finalisée du scénario du prochain James Bond, intitulé Spectre.

Le FBI et Sony n'ont donné aucun détail sur les pistes d'investigation, se contentant de dire qu'une «enquête mondiale est toujours en cours».

Les revendications du GOP («Guardians of Peace») qui demande avec insistance que Sony renonce à distribuer le film The Interview, comédie sur un complot fictif de la CIA pour assassiner le leader nord-coréen Kim Jung-Un, font toutefois porter les regards vers Pyongyang. Le régime communiste autoritaire a nié être à l'origine de l'attaque tout en louant ceux qui l'ont commise.

La société de production du prochain James Bond, Eon Production, a averti dimanche que ceux qui reproduisaient le scénario déposé de Spectre s'exposaient à des poursuites.

Les avocats de Sony Pictures ont par ailleurs demandé à certains médias, dont Variety ou le New York Times, de cesser de reproduire les emails embarrassants et les «données volées» diffusés par les pirates informatiques sur la toile.