Le film de Laurent Cantet Retour à Ithaque, une histoire d'amitié cubaine sur fond de désillusions, a été déprogrammé du Festival de cinéma latino-américain de La Havane, a confirmé mardi la production.

«Le directeur du Festival Ivan Giroud, qui a vu le film au festival de Toronto, nous a officiellement invités par lettre. Mais quelques semaines plus tard, il nous a envoyé un autre courrier nous indiquant que finalement ce ne serait pas possible», a annoncé à l'AFP la productrice française Didar Domehri.

«On ne connaît pas vraiment les raisons de cette annulation. C'est dur pour nous et pour tous les Cubains de l'équipe», a-t-elle ajouté.

Le tournage du film, qui raconte l'histoire de cinq amis qui fêtent le retour de l'un d'eux à Cuba, après un exil de seize années en Espagne, avait pourtant obtenu l'agrément des autorités «tel quel», selon le réalisateur.

Tourné en 17 jours à La Havane avec des acteurs cubains, dont la vedette Jorge Perrugoria (Fraise et Chocolat, Guantanamera), Retour à Ithaque se déroule sur une seule nuit, en un lieu unique: une terrasse qui ouvre d'un côté sur la mer. Il raconte l'amitié et les désillusions face à la révolution cubaine et aux affres de la période spéciale, crise économique qui a suivi l'effondrement de l'empire soviétique.

Le film, coécrit avec le célèbre écrivain et journaliste cubain Leonardo Padura, a été primé aux Venice Days de Venise et au Festival Biarritz Amérique latine.

Interrogé au début du Festival (4-14 décembre) sur l'absence de Retour à Ithaque parmi les près de 500 films projetés, le directeur du festival Ivan Giroud avait expliqué qu'aucune catégorie ne permettait de le sélectionner.

«La section films étrangers portant des thèmes latino-américains n'existe plus», avait-il sèchement répondu à un journaliste.

De son côté, la productrice souhaite simplement que le film soit montré au public cubain.

«On espère bien être en mesure de projeter ce film ultérieurement dans les salles cubaines. Ce serait bien que les Cubains puissent le voir, ce n'est pas un film politique, mais une histoire cubaine, une histoire humaine», a justifié Mme Domehri, affirmant avoir reçu un courriel encourageant des autorités dans ce sens.