Dans Cathedrals of Culture, six réalisateurs prennent le pouls de six édifices fascinants. Créés à l'initiative de Wim Wenders, les films, réunis en deux longs métrages, sondent les pierres, le métal et le verre pour y trouver la vie.

Fort de son expérience en 3D avec le superbe Pina - sur la regrettée danseuse et chorégraphe Pina Bausch -, le cinéaste Wim Wenders a demandé à cinq de ses collègues d'aller à la découverte d'édifices marquants partout dans le monde. Une seule question à poser: si l'architecture pouvait parler, que dirait-elle?

En deux longs métrages de près de 90 minutes, Cathedrals of Culture donne la parole à la Philharmonie de Berlin (Wim Wenders), la Bibliothèque nationale de Russie à Saint-Pétersbourg (l'Autrichien Michael Glawogger), le Centre Pompidou de Paris (le Brésilien Karim Aïnouz), la prison de Halden en Norvège (le Danois Michael Madsen) et l'Opéra d'Oslo en Norvège (la Norvégienne Margreth Olin), ainsi que le Salk Institute (Robert Redford) à La Jolla en Californie.



Salk Institute

Presque tous les films emploient le mode narratif au «je», sauf celui de Robert Redford traitant du Salk Institute. Là, ce sont des archives sonores créant un dialogue entre le biologiste Jonas Salk (inventeur du vaccin contre la polio) et le grand architecte Louis Kahn qui priment.

«Nous avons choisi le Salk Institute parce que Bob [Redford] l'avait vu en construction et qu'il savait ce qu'on y faisait. Il aimait l'idée d'une collaboration entre artistes et scientifiques. Ce dialogue, c'est l'élément humain de cet édifice si particulier», décrit la productrice Laura Michalchyshyn.

Le Salk Institute ressemble au premier coup d'oeil à un bunker - il a d'ailleurs été édifié selon les principes d'un style nommé «brutalisme» -, mais sa position entre nature, mer et ciel rend surtout hommage au génie humain. Une immense place centrale souligne d'ailleurs l'importance des rencontres entre les scientifiques travaillant à l'Institut dans divers laboratoires et disciplines.

«Il y a quelque chose de surréel, qui porte à la philosophie et à l'élévation dans cet édifice», croit la productrice.



Photo: fournie par le Centre Phi

L'Opéra d'Oslo

Entrailles

Les autres films font davantage visiter les entrailles des bâtiments. À Berlin et à Oslo, la musique règne dans des espaces très dégagés. La prison de Halden en Norvège est unique au monde par sa nature relativement conviviale. De son côté, la Bibliothèque nationale russe de Saint-Pétersbourg, malgré sa vétusté, transpire le savoir.

Avec leur mémoire vive et leurs activités bourdonnantes, tous ces édifices représentent, à l'instar du Centre Pompidou à Paris, de véritables «machines culturelles vivantes».

Questionnée sur ses préférés parmi les six films proposés, Laura Michalchyshyn estime «qu'ils possèdent tous des qualités humaines et visuelles différentes. Tous les six édifices en ressortent grandis.»

Photo: fournie par le Centre Phi

La prison de Halden

Technique

Visuellement, les films favorisent l'usage de longs travellings montrant les qualités structurelles des édifices. Ces mouvements de caméra servent ainsi à marier l'être et le paraître, entre fonctionnalités et esthétiques architecturales.

L'utilisation du 3D permet de découvrir l'ampleur et l'envergure des édifices visités en utilisant à bon escient la grande profondeur de champ offerte par cette technique.

«Mis à part Wim [Wenders], personne n'avait vraiment d'expérience en 3D en se lançant dans l'aventure. Nous avons tous beaucoup appris sans toutefois être obsédés par la technique», avoue Laura Michalchyshyn.

Depuis sa sortie au festival de Berlin en février, Cathedrals of Culture fait la tournée des festivals et de projections spéciales, devant des architectes notamment.

«Nous l'avons présenté à New York dans un tel cadre, note la productrice. Nous étions très nerveux, mais les gens ont adoré. Ils ont surtout aimé l'aspect humain de cet hommage à la mémoire et à la vie humaines.»

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Cathedrals of Culture 1 et 2 sont présentés au Centre PHI du 5 au 11 décembre. Un panel sur le même sujet réunissant Phyllis Lambert, Stéphane Pratte, Jean Pelland et Sophie Gironnay aura lieu le 4 décembre au même endroit. Infos: phi-centre.com.

Photo: fournie par le Centre Phi

La Bibliothèque de Saint-Pétersbourg