Le cinéaste français Bertrand Tavernier, également président de la commission cinéma de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), interpelle le nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sur la question des droits d'auteur dans une tribune publiée vendredi.

«Qu'il nous prouve que son engagement passé en faveur de la culture en Europe soit aussi celui qui guidera son avenir, le sien et celui de l'Europe», écrit le cinéaste qui publie sa tribune sur le site européen Euractiv.

Bertrand Tavernier fait référence à des propos tenus en 2005 par M. Juncker affirmant que «la culture ne se prête pas à l'harmonisation» ou encore à la «standardisation».

Le réalisateur de Quai d'Orsay ou de Dans la brume électrique préside la commission cinéma de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques, organisme français de gestion collective qui a pour mission de percevoir et répartir les droits d'auteur.

Comme d'autres professionnels de la culture avant lui, Bertrand Tavernier pointe des propos tenus récemment par Jean-Claude Juncker dans une lettre adressée au nouveau commissaire au Numérique où il explique qu'il faut «briser les barrières nationales en matière de réglementation du droit d'auteur».

«Briser, casser, détruire le droit d'auteur pour quoi faire d'ailleurs?», écrit le cinéaste.

«Fragiliser les auteurs est encore plus aberrant lorsque l'on sait que cela aboutira à renforcer les grands commerçants de nos oeuvres et les géants du Net», poursuit-il.

Pour le cinéaste, le droit d'auteur «peut encore bouger. Il le doit même pour faire du droit d'auteur le droit des auteurs et un droit qui ne se réduit pas à la protection des acteurs économiques», écrit le réalisateur.

«Mais, la modernité, qu'on attribue souvent à tort à ceux qui pensent que tout doit être permis parce que tout est possible, n'est pas du côté de ceux qui veulent casser ou détruire. Elle est à mettre au crédit de ceux qui veulent défendre la culture, soutenir la création européenne et consolider le droit des auteurs», conclut-il.